En intitulant sa première pièce « Charité bien ordonnée »,  dans laquelle il joue à ses débuts dans les années 90, Didier Caron n'a pas encore conscience que ce dicton guide ses pas depuis toujours  jusqu'à se révéler prémonitoire quand il achètera  son propre théâtre deux décennies plus tard.

En effet, déterminé et pugnace, cet ancien employé de banque commence par tout lâcher pour se consacrer à sa vocation artistique. Après une formation au cours Viriot,  il devient comédien mais aussi scénariste, adaptateur  et auteur. A son palmarès d'adaptateur, on note « la route de Madison », avec Alain Delon et Mireille Darc mais aussi « Kramer contre Kramer » avec Frédéric Diefenthal. Côté mise en scène, on retiendra,  entre autres,  « le diner de cons » avec Christian Clavier et Didier Bourdon. Conscient de l'importance de se créer son  propre  outil de travail, il exerce son art sur tous les fronts (théâtre, télé, cinéma).

Mais en se frottant au « septième art » avec l'adaptation de sa pièce à succès « Un vrai bonheur », Didier se rend vite compte que le cinéma est un domaine complexe et surtout beaucoup trop lent et acquiert rapidement la conviction que son destin  est sur les planches. « Le théâtre c'est encore  le petit village gaulois alors que le cinéma est une industrie ! Le côté artisanal, la magie de la création avec parfois un bout de ficelle, la proximité avec le public, j'ai compris au fil du temps que c'était mon univers ».

 Et cette envie de liberté, cette « Charité bien ordonnée qui commence par soi même »,  il la concrétise il y a cinq ans en achetant le Théâtre Michel, une ravissante salle à l'italienne de 350 places ! «Avoir un théâtre à moi est devenu peu à peu un rêve que je me suis donné les moyens d'atteindre ». En y produisant ses propres pièces mais aussi celles des autres qui lui plaisent, il déniche une pépite qui va totalement changer l'image boulevardière de son théâtre. « Déconnecter les gens du quotidien, les faire rire, les faire pleurer, les amener ailleurs intelligemment,  c'est ce qui me passionne.  Quand j'ai vu  le Repas des Fauves, je n'ai pas hésité une seconde, je l'ai de suite programmé ». Et bien lui en a pris puisque cette pièce, longtemps à l'affiche du  Michel, a récolté trois Molière en 2011 !

Aujourd'hui, après une belle saison théâtrale avec la reprise, également « Molièrisée »,  des « Palmes de Monsieur Schutz »,  Didier monte sa dernière création « Les Nombrils ». « Il s'agit de la vie d'une compagnie théâtrale installée en province avec des comédiens qui se prennent très au sérieux avant d'aller jouer au festival d'Avignon ».  Une thématique d'actualité  qui donne vraiment  envie d'aller à la rencontre de ces « Nombrils » !

Patricia Lacan Martin