BEPPE NAVELLO – Directeur de TEATRO a CORTE

 

Beppe Navello

Rencontre avec Beppe Navello, l’élégant directeur de Teatro a Corte qui, à l’image de la quinzième édition du festival, croit dans les vertus du brassage entre les nations, les arts et les peuples. Homme de lettres et metteur en scène, il est le fondateur de Teatro a Corte qui aura lieu cet été à Turin et dans les demeures royales du Piémont du 16 juillet au 2 Août.

 

— Comment est né Teatro a Corte ?

— L’idée de base est de proposer aux artistes européens de créer in situ dans des lieux prestigieux du passé. Mettre l’ensemble en confrontation permet à l’architecture, aux jardins, aux paysages de notre patrimoine culturel, classé au Patrimoine de l’Humanité, de devenir acteurs à leur tour.

— Comment se prépare le festival et comment s’effectuent les choix de programmation ?

— Un festival se prépare deux ans à l’avance. On se déplace dans toute l’Europe, on voit beaucoup de spectacles mais pas tous ceux que l’on programme car certains sont en création. Dans ce cas, c’est un pari qui fait partie du concept du festival puisqu’une bonne partie des spectacles sont réinventés sur place en fonction des lieux. Mes choix, s’ils sont guidés par la passion, privilégient surtout le métissage des arts, les formes innovantes qui utilisent par exemple les nouvelles technologies…Et puis nous sommes fidèles aux compagnies et aux artistes que l’on aide à s’exprimer sur place, et qui plaisent au public chaque année plus nombreux.

— Et cette année, quelle est la tonalité du nouveau cru ?

— On est en contact avec l’exposition universelle de Milan qui rassemble 200 pays et qui attend 50 millions de visiteurs. A cet égard, la ville de Turin et plusieurs institutions ont élaboré des projets (débats, rencontres, expositions…) pour accompagner les quatre mois de l’Expo. De son côté, Teatro a Corte est partie prenante de l’événement, en dédiant plusieurs spectacles au thème de la nourriture en référence aux réflexions qui vont animer l’Expo centrée sur la thématique « Nourrir la planète ». Sinon, deux nouveaux châteaux du Piémont nous ouvrent leurs portes.

— Chaque année, Teatro a Corte met un focus particulier sur un pays européen. Cette année, c’est l’Allemagne, pourquoi ce choix ?

— La France, la Grande-Bretagne, la Scandinavie, les Pays–Bas ont déjà bénéficié de cette vitrine privilégiée, l’Allemagne manquait au palmarès des grands pays européens. En outre, c’est le 60éme anniversaire du Goethe Institut de Turin, le premier ouvert en Italie après la guerre.

— Y a t’il des pays plus innovants que d’autres ?

En Europe, il y a beaucoup de créativité et d’inventivité et les collaborations croisées entre pays se développent. Par exemple, je travaille actuellement avec un théâtre polonais et un projet commun avec l’Italie est envisageable, tout comme celui que l’on a déjà monté avec un artiste hollandais. Mais le pays le plus actif en matière de théâtre vivant reste la France, notamment Paris qui est la ville la plus riche au monde dans ce domaine !

— On parle beaucoup de l’Europe économique et moins de l’Europe de l’Art. Comment se situe l’Europe de l’Art par rapport à l’Europe économique ?

— Côté finances, c’est partout pareil. Les subventions en matière de Culture baissent, en Italie comme ailleurs. Mais n’oublions pas que les artistes européens étaient là bien avant le monde des banques et de la Politique (la Commedia dell’arte etc.) et le langage de la scène est un langage universel et, par conséquent, éternel !

Propos recueillis par Patricia Lacan-Martin

 

 

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