RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE ARTISTIQUE DE LA PIÈCE AVANTI
Ils sont là, prêts à répondre à nos questions, sur la scène des Bouffes Parisiens où ils vont interpréter dans deux heures Avanti, la pièce de Samuel Taylor.
Eux, ce sont les comédiens Francis Huster, Ingrid Chauvin, Thierry Lopez, Alice Carel, Romain Emon, Toni Librizzi et leur metteur en scène Steve Suissa.
Pour être plus proches de nous, ils n’hésitent pas à s’installer en bord de scène, jambes pendantes dans le vide, dans une position qui ne doit pas être des plus confortables, mais pas un ne proteste et ils restent disponibles, souriants et attentifs à l’échange qui s’instaure rapidement.
Et on apprend beaucoup pendant cette rencontre de presqu’une heure. Et on sent combien cette équipe est soudée, attachée à ce spectacle qui réunit des comédiens venus d’horizons divers.
« Dans une rentrée théâtrale commerciale où abondent les “ coups ” théatraux, c’était un vrai challenge, un pari risqué explique Steve Suissa. D’ailleurs beaucoup de salles l’ont refusée et je remercie Dominique Dumond, directeur des Bouffes, d’avoir accepté. »
Risqué car faire jouer ensemble par exemple quelqu’un comme Francis Huster, comédien plutôt classique, Thierry Lopez davantage habitué du genre dit boulevard et Ingrid Chauvin plus connue du petit écran, dans un pays comme la France où on aime bien étiqueter les artistes, ce n’est certes pas habituel.
« Mais si cela fonctionne, c’est que chacun est fait pour le rôle, une bonne distribution cohérente c’est 50% de la réussite. Et surtout on a là des êtres humains qui s’adressent à des êtres humains. C’est ce qui touche le public qui peut se reconnaître dans l’un ou l’autre des personnages »
Francis Huster nous délivre alors presque un cours sur la comédie romantique, genre un peu méprisé en France.
« Les Anglais et Américains sont les maîtres du genre, avec des pièces qui deviennent ensuite des films à succès.
Leurs auteurs sont différents, Taylor n’est pas Feydeau, Tennessee Williams n’est pas Tchekhov. Les personnages sont tous importants, pas de premiers et seconds rôles, simplement des rôles plus ou moins longs. Une star peut jouer un rôle court, car il va être hyper drôle ou hyper dramatique. »
Ce qui n’est pas le cas en France, on a tendance à trouver ça un peu trop naïf de focaliser sur l’être, les sentiments et où les artistes sont catalogués. Mais finalement ça fonctionne, le public adhère pleinement.
« Je n’ai jamais éprouvé un tel bonheur, je ne me suis jamais senti autant à ma place » confie Steve Suissa. Un sentiment apparemment partagé par tous.
Et on comprend à l’écouter ce que peut être alors le travail d’acteur, quand il faut être naturel tout en étant audible, ce qui demande une confiance totale entre soi et le metteur en scène et les partenaires. « Comme un pianiste qui changerait de répertoire ».
La discussion nous fait aussi toucher du doigt les difficultés de la profession, où tout est verrouillé dans les médias, où il faut faire partie des réseaux et où on peut même refuser une captation à un Francis Huster ! Cela laisse songeur.
Un monde où il faut se battre pour exister, où le système devrait changer.
Dommage par exemple qu’on ne fasse pas suffisamment pour amener les jeunes au théâtre alors qu’il existe un tarif moins de 26 ans très avantageux (10 euros la place) l’information est mal relayée (ce serait bien que ça figure sur les affiches suggère Francis Huster) et souvent les salles ne délivrent ces places là qu’au théâtre au dernier moment.
Tous soulignent aussi la place prépondérante des médias Internet maintenant, c’est là que les spectateurs vont chercher les infos, lisant les avis du public sur les sites de réservation ou dans les websites.
Un public qui est bien plus éclectique que certains le croient, passant d’un genre à un autre et répondant présent lorsque qualité et sincérité sont au rendez-vous.
L’heure a passé très vite, il est temps pour eux de se préparer à devenir quelqu’un d’autre, pleinement, afin qu’une fois encore le public y croit, s’amuse, rit, soit touché, bouleversé.
Nicole Bourbon
Bouffes Parisiens
4 rue Monsigny
75002 Paris
Tél : 01 42 96 92 42
Jusqu’au 2 janvier 2016
Du mercredi au samedi à 21h00
Matinées samedi à 16h00 et dimanche à 15h00