ALEXIS CHEVALIER

 

Interview d’Alexis Chevalier pour Et Dieu créa le sport

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Alexis Chevalier loupe

 

JD Co-auteur avec Marguerite Kloeckner, metteur en scène et interprète de la comédie burlesque « Et dieu créa le sport », à l’affiche depuis le 12 février au Grand Point-Virgule à Paris, pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?

AC Je suis Alexis Chevalier, de la compagnie Le Saut du Tremplin. J’ai 35 ans et je fais ce métier depuis un peu plus de 10 ans maintenant. 

 

JD Quelle a été l’origine de ce spectacle ?

AC L’idée est venue de notre coproducteur Hilaire Vallier qui nous a commandé ce spectacle. Dans le contexte des JO, on s’est dit que c’était une bonne période pour faire dialoguer théâtre et sport. 

 

JD Au total, vous êtes cinq artistes sur scène pour cette comédie totalement loufoque. Pouvez-vous présenter les autres artistes ?

AC Il y a donc Marguerite Kloeckner, avec qui nous avons écrit la pièce, Grégoire Roqueplo, comédien de la compagnie Le Saut du Tremplin, Thibault Truffert et Sibylle de Montigny, comédiens qui collaborent souvent avec nous. C’est important d’avoir une grande complicité en scène, ça fait le sel du spectacle. Il y a aussi Clément Duval notre directeur technique qui a fait un gros travail. Enfin, Albane Dela a signé les chorégraphies. Et Vianney Ledieu a été notre œil extérieur. 

 

JD Le concept Et si Dieu pour éradiquer la violence donnait aux hommes le sport ?

AC Oui, nous nous sommes inspirés d’un fait qui est historique : le sport a permis d’éviter certaines guerres. On prenait quelques-uns des meilleurs soldats et ils se battaient entre pour éviter un bain de sang. Puis plus tard, en Angleterre, les professeurs ont voulu canaliser la violence des élèves qui ne respectaient plus l’autorité, ils leur ont donc donner des ballons pour qu’ils expurgent cette énergie débordante, ça a donné le football et le rugby. 

 

JD Pourquoi avoir choisi la baballe comme point de départ ?

AC Nous avons lu les écrits du philosophe Michel Serres qui a beaucoup réfléchi sur la question du sport et de la place de la balle. Dans les sports collectifs, c’est le ballon qui fait le lien entre tous les joueurs, entre les coéquipiers mais aussi entre les adversaires. Il y a comme une révolution copernicienne : tout tourne autour de la balle qui est la véritable star du sport collectif sur lesquels tous les regards se portent. C’est curieux de constater qu’un objet aussi simple est l’objet de tant de passions humaines : la joie, la colère, la déception... 

 

JD Vous avez abordé l’écriture sous un « angle absurde » et « poétique ». Quelles sont vos références ? Et pourquoi ?

AC C’est dans l’ADN de notre compagnie. Nous avons un goût prononcé pour l’absurde, le loufoque, le surréalisme. Pour ce spectacle en particulier, nous nous sommes inspirés du travail du dessinateur Sempé. Nous aimons tellement sa naïveté, ce trait si habile qui fait à la fois sourire et penser. Et c’était un passionné de sport ! Bien sûr, nous pensons aussi très souvent aux Monty Pythons, notamment à leur fameux “match des philosophes”, sketch dans lequel ils imaginent un match opposant les philosophes grecs contre les philosophes allemands. 

 

JD Dans « Et Dieu créa le Sport », le propos n’est-il pas avant tout un message de respect, de dépassement, de bienveillance ?

AC Nous voulons à la fois rendre hommage au sport, à tout ce qu’il implique comme dépassement. Nous disons aussi que le sport est un vecteur d’émotions collectives extraordinaires. En fait, nous voyons dans le sport un moyen pour revenir à l’esprit d’enfance, à retrouver une joie première, pure. Un ballon transforme n’importe quel adulte en gamin. C’est un pouvoir magique. 

 

JD Partant d’une bonne intention, chaque ange a pourtant sa vision propre. Ce n’est pas si facile à manager ?

AC Exactement, comme dans toute équipe, la complémentarité est toujours un défi : il y a ceux qui ont besoin de règles, ceux qui veulent faire le moins d’efforts possibles, ceux qui sont ambitieux, ceux qui intellectualisent tout et ceux qui sont toujours décalés. Mais comme dans une équipe, chacun a un rôle. Un avant-centre n’a pas la même fonction qu’un défenseur. Les anges, inconsciemment, créent un modèle d’équipe. 

 

JD Durant plus d’une heure, vous sautez, vous courez et vous chantez aussi. Selon vous la musique est-elle indissociable du sport ?

AC Chaque sport a son rythme, on le joue comme on joue un instrument. On peut jouer allegretto, imposer un rythme à l’adversaire, le subir quand on est dominé. Au théâtre c’est la même chose ! Trouver le bon rythme d’une scène est un enjeu de mise en scène primordial. Finalement, la musique, le rythme articulent les activités humaines, qu’elles soient artistiques ou sportives. 

 

JD Que représente pour vous Nelson Monfort, qui intervient dans le spectacle à travers sa voix ?

AC En écrivant, on cherchait quelle était la voix la plus emblématique du sport en France. Il ne nous a pas fallu cinq secondes pour répondre Nelson Montfort. C’est une voix tellement populaire, il est peut-être l’homme le plus imité. Sa voix est comme une mine de souvenirs, elle est une madeleine de Proust sonore. À chaque représentation, quand j’entends cette voix, ça me procure de la joie. 

 

JD Avec « Et dieu créa le sport » votre pratique du sport a-t-elle changée ?

AC Pour le moment, je ne me suis pas remis au sport. Mais ça a changé mon regard sur le sport. Je suis beaucoup plus sensible à la beauté qui se dégage du sport. Et aussi à la joie qu’il peut procurer ! 

 

JD En vous remerciant pour votre temps et votre attention.

Jean Davy