ALAIN SACHS |
Il est 19 heures, Alain Sachs est déjà au Théâtre de Paris, il salue les interprètes de « Tout Offenbach ou presque » qui arrivent petit à petit se préparer pour la représentation de 21 heures. Après notre entretien, il filera au Casino de Paris où joue Mado la niçoise qu'il met également en scène. C'est cela la vie d'Alain Sachs, une vie entièrement consacrée aux spectacles, entre ceux déjà montés et qu'il suit de près, et ceux qu'il a en projet et qui tournent dans sa tête nuit et jour. Ajoutez-y des émissions de radio et de télévision et vous aurez un aperçu de l'existence à cent à l'heure de ce diable d'homme qui arrive à être partout à la fois, et toujours avec succès. Car sous des airs affables et tranquilles, c'est un homme passionné par ce qu'il fait, un boulimique qui peut être avec la même veine auteur, comédien, marionnettiste et bien sûr metteur en scène réputé, pas moins de trois de ses œuvres tournent en ce moment à Paris plus deux en tournée. Il faut dire que cette passion ne date pas d'hier, il est tombé dedans tout petit, depuis ses après-midis au Luxembourg où il était fasciné par Guignol et grâce aussi à une grand-mère qui n'hésitait pas à l'emmener au théâtre voir les classiques, les spectacles pour enfant n'existant pas à l'époque. Il se souvient du « Malade imaginaire » de Molière, cette découverte émerveillée d'un autre monde, ces instants magiques où le temps est suspendu, où on peut être autre et ailleurs. Même s'il avoue que ce n'est pas facile en France de se diversifier, car on est très vite catalogué dans un genre après un premier succès, il n'a eu de cesse de s'essayer aux différentes formes des arts de la scène car ce qui l'intéresse avant tout c'est de diversifier les expériences, de trouver toujours la nouveauté, de surprendre tout en amusant et en s'amusant. Les deux Offenbach qu'il a montés lui ont permis de retrouver l'esprit de troupe cher à Molière avec une équipe fidèle de treize personnes toujours prêtes à répondre à son appel. Tellement soudée qu'on a l'impression qu'elle existait avant et que c'est elle qui est venue le solliciter ! Conscient de ce qu'un spectacle peut avoir d'éphémère, il se soucie peu de laisser une trace à la postérité, là n'est pas son but, « L'important c'est de laisser des souvenirs heureux aux spectateurs , et de continuer à apprendre, chaque nouvelle création contribuant à me faire progresser » conclut-il avec humilité. Les nouveaux projets fourmillent, parmi la dizaine sur lesquels il travaille, un finira par émerger, qu'il portera à bout de bras comme les précédents, ne lui laissant ni trêve ni repos certes mais sûrement un grand bonheur. Il ne sait pas encore lequel et nous, on attend avec impatience quelle nouvelle surprise il va bien pouvoir nous concocter cette fois encore.
Nicole Bourbon
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