LIA RODRIGUES – PINDORAMA

Le Centquatre-Paris
5 rue Curial ou 104 rue d'Aubervilliers
75019 Paris
Tel : 01 53 35 50 00

Les 28, 29 et 30 novembre à 20h30

Merci de cliquer sur "J'aime"

Pindora
Photo Sammi Landweer

L'univers de la danse contemporaine n'est plus ce qu'il était ou, du moins,  tel qu'on  l'imagine parfois… surtout quand une chorégraphe brésilienne de renom, Lia Rodrigues, vient bousculer les codes de la représentation. Autant le dire d'emblée, si certaines œuvres consacrées me laissent souvent sur le bord de la route, Pindorama, nom du Brésil avant l'arrivée des Portugais, m'a carrément conquise. Et pourtant c'était pas gagné !

Déjà, exit les fauteuils pour le public et la scène pour les danseurs ! Ici tout le monde est au même niveau sans place réservée aux uns ou aux autres si ce n'est autour d'une immense bâche de plastique sur laquelle vont évoluer onze danseurs nus.

Oui, nus, mais le plus étonnant c'est que cette nudité ne sera pas dérangeante. Totalement imbriquée au propos artistique et esthétique,  elle s'impose comme une évidence dans toute sa splendeur. 

Premier tableau, une femme, campée au centre de l'immense rectangle plastifiée, renverse une bouteille d'eau sur elle et, le corps mouillé, se met à glisser et ramper sur cette scène éphémère.

 Aux deux extrémités, huit danseurs sont aux commandes de la bâche transparente qui ne va pas tarder à s'animer.  Doucement, la danseuse roule, s'enroule, se recroqueville, se détend sur un sol qui peu à peu frémit, craque, ondule, se soulève, se cabre pour finalement se muer en tempête dans laquelle le corps de la femme se débat inexorablement… Et finit par s'épuiser ! Souffle retenu, le public voit à peine la danseuse s'éclipser  tandis que le lent ballet de la prochaine installation se met en place. Cette fois ci, ce n'est plus un mais cinq puis onze corps qui vont affronter la tourmente. Enlacés, enchevêtrés, explosés, maltraités, les corps, somptueusement éclairés à la manière d'un Velasquez ou d'un Goya,  virevoltent, ballotés comme des fœtus prisonniers d'une nature en folie qui les enveloppe et les rejette inlassablement jusqu'au retour du calme et du dernier sursaut.

Bulles d'eau explosant sous le poids des corps, déplacement aléatoire des spectateurs qui suivent médusés la lente agonie, cette vision m'évoque celle des malheureux naufragés qui viennent s'échouer sur les côtes siciliennes après avoir fui leur continent. Sur fond d'un pesant silence, l'intense émotion est palpable… Et tout ça avec un carré de plastique transparent, de l'eau dans des poches translucides , onze danseurs nus et un jeu de lumières exceptionnel. Des moyens minimalistes pour une performance  majeure. Chapeau l'artiste !

Patricia Lacan Martin

 

 

Pindorama 

Création : Lia Rodrigues
Lumière : Nicolas Boudier
Dramaturgie : Silvia Soter
Dansé et créé en étroite collaboration avec les onze danseurs de la troupe.

Les dates :


28 , 29 et  30 novembre à 20h30
le CENTQUATRE
5 rue Curial ou 104 rue d'Aubervilliers
75019 Paris
Tel : 01 53 35 50 00

3 décembre à 20h30 (au Théâtre des Louvrais)
L'apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d'Oise
L'apostrophe – Théâtre des Louvrais
Place de la Paix / Pontoise

Et aussi :

Du 29 novembre au 8 décembre au Théâtre Jean-Vilar de Vitry : accueil de 12 jeunes brésiliens de l'École libre de danse de Maré en formation continue auprès de la Cie Lia Rodrigues + Eliana Sousa Silva la directrice de Redes da Maré, organisation co-fondatrice du Centre d'art avec Lia Rodrigues dans la favela de Maré à Rio.

Jeudi 5 décembre 19h30 – les jeunes brésiliens présentent "Exercicio m" un spectacle créé avec Lia Rodrigues, à partir de son répertoire. EMA, Vitry, entrée libre