ADIEU À L’AUTOMNE

Au Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk
20 rue Marsoulan
75012 Paris
01 43 40 79 53

Jusqu'au 16 mars 2014
Jeudi, vendredi, samedi à 21h
Dimanche à 16h.

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Mis en ligne le 21 décembre 2013

L'adieu à l'automne

Dans un espace boisé, un jardinier déplace des feuilles. Il est torse nu et masqué. La musique résonne, qui ne nous quittera plus. Les deux personnages principaux, un homme brun et jeune et une femme blonde, évanescente, se rencontrent ici, chacun porteur d’une boite transparente emplie de feuilles mortes.

On le voit, le nouveau spectacle joué, dirigé et chorégraphié par Elisabeth Czerczuk ne respire pas la joie de vivre : et pour cause, le texte en est de Jon Fosse. Sur la base de dialogues entre ces deux figures, on a construit une fiction symboliste  et  dansée. Le fond en est la présence/absence de chacun des personnages. Il y a des mouvements lents, dansés, des silences, et les phrases belles et répétitives de Fosse par là-dessus.

On croit comprendre que les deux qui se rencontrent dans un cimetière, se plaisent malgré le deuil qui les frappe. Elle : « Même si tu n‘étais pas là, tu étais là. » Plus loin, il lui dit : « Moi et ce que j’appelle l’amour, sommes assis là en pleurant. » Il y a aussi le récit d’un viol dans ce même cimetière et son refus à lui (l’homme) quand elle voudrait faire l’amour. Du coup, elle est renvoyée à la fange, aux feuilles, à la poussière dans laquelle elle se roule.

Le côté hiératique du personnage masculin convainc, comme la blondeur et la fragilité du personnage féminin, mais, en dépit de la beauté de certaines séquences, on reste un peu sur sa faim. Daniel Mesguish disait à propos d’Elisabeth Czerczuk : « J’ai été étonné de ce que chacune de ses actions sur scène fût à ce point sentie, ressentie, tenue ; retenue aussi (…) Oui, c’est son absence qui est sa plus grande présence… » Pas faux.

À travers cette démarche exigeante, il y a une part d’ombre, un mystère. On peut, au choix, trouver cela pesant et cérébral ou bien s’abandonner (voire s’adonner) à la noirceur de ce spectacle : amer comme de l’Edgar Poe, distancé comme chez Claude Régy et symboliste comme  un Maeterlinck revisité.

Gérard Noël

 

 

Adieu à l’automne

Mise en scène, chorégraphie, adaptation : Elisabeth Czerczuk, d’après la pièce Rêve d’automne de Jon Fosse.

Avec : Elisabeth Czerczuk, Oisin Stack et Éric Nicolas.

Musique originale : Matthieu Vonin.
Scénographie : Enzo Lorio