La Cigale
120 boulevard de Rochechouart
75018 Paris
Du 6 au 27 avril 2013 à 20h30, les samedis 17h et 21h, les dimanches 16h.
Bianca Li nous en met plein la vue. Deux ans et demi après sa création, le spectacle est rodé au centième de seconde. Elle s'empare de la danse électro (ancienne tecktonik née début des années 2000 dans les boîtes de nuit) pour la faire rentrer sur scène.
Elle nous propose un univers comique et multicolore qui ne prend au sérieux que les impératifs rythmiques de cette danse faite principalement de figures vives et répétitives des bras sur un tempo électro house. Quelques figures aériennes. Et des jambes qui marquent le plus souvent le tempo de cette musique, exécutant souvent une marche sur-place, marquant les temps comme des métronomes. Ce sont des soldats étranges, bariolés comme des Arlequins en habits de sport, qui
marchent au pas en faisant tourner autour de leur tête, leurs bras, leurs mains, à défaut du bâton des majorettes.
Ils sont huit danseurs qui vont nous raconter une journée au lycée : arrivée en classe, cours de mathématique, partie de basket, bac blanc, cantine, récréation et session dans la salle informatique. Les scènes se suivent dans un esprit que ne renierait pas Jacques Tati. Des cancres du 21ième siècle, agités, facétieux, provocateurs et passionnés par tout autre chose que les cours magistraux. Huit personnages personnalisés par leurs choix vestimentaires et leurs caractères,
tous différents, presque caricaturaux, mais qui partagent la même mode, et le même esprit de dérision.
Les seuls éléments de décors sont huit tables et huit chaises qu'ils font valser en tous sens et dont ils usent comme des accessoires de scène pour créer chaque tableau.
Les scènes de groupe, ballets magnifiquement maîtrisés, s'enchaînent avec des duos, des solos superbes, intenses, dans les très discrètes lumières de Jacques Châtelet et même une scène de battle inspirée du hip-hop où chaque danseur peut donner libre court à son talent et à son originalité.
Toute la gestuelle de cette danse se fait frontale, face au public. Avec des ruptures syncopées ressemblant à des arrêts sur image, des instantanés qui restent en mémoire grâce à la persistance rétinienne. Persistance qui multiplie encore l'impression de vitesse que donnent ces bras, ces mains, tourbillonnantes ou mécaniques, traçant dans l'espace autour de la tête et du buste une géométrie presque astronomique, comme une nouvelle galaxie ayant pour centre la tête,
ceinturée en tous sens par les orbites de satellites ou des bombardements d'électrons, d'ondes.
C'est une danse en deux dimensions, comme si les figures enchaînées à toute allure n'avaient comme objectif que de surgir des écrans plats de nos ordinateurs. Mais ici, ils sont bien de chair et de peau, d'une vitalité sur-vitaminée, ils nous offrent plus d'une heure d'énergie pure et de rire.
Avec ce spectacle, Bianca Li cherche à nous faire partager son amour jamais lassé pour toutes les nouvelles formes de danse. Inutile de chercher ici une gravité ou une dramaturgie tenue mais l'image un peu idyllique d'une jeunesse encore assoiffée d'enfance et de naïveté, des lycéens aux allures de collégiens attardés qui ne feraient pas de mal à une mouche mais qui débordent de vie, de beauté et de talent.
Bruno Fougniès
Electro Kif
Mise en scène et chorégraphie Blanca Li
Musique originale Tao Gutierrez
Création lumières Jacques Châtelet
Assistante chorégraphie Glyslein Lefever
Costumes Françoise Yapo
Danseurs : Khaled Abdulahi, Jérémy Alberge, Arnaud Bacharach, Roger Bepet, William Falla, Slate Hemedi, Alou Sidibe, Adrien Sissoko
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