Black is black.
40 minutes.
40 minutes pour nous amener de la lumière à l'ombre, du jour aux ténèbres, de la vie à la mort.

Comment raconter sans trop révéler l'originalité, l'inventivité, la force de ce court spectacle de Philippe Saire ?
Est-ce un ballet ? Une performance ? Un tableau ? (On ne peut s'empêcher de penser à Soulages).
Des images qui resteront gravées.

La cinquantaine de spectateurs regardant en surplomb ce qui se passe au fond de ce ring de 3 mètres de haut.
Les trois danseurs en contrebas, deux hommes une femme.
Des luttes.
Alternance de pénombre et de lumières crues, aveuglantes.

Le silence.
Troublé par le crissement d'une main qui gratte le sol, comme la craie de notre enfance sur le tableau noir, agaçant les dents.

Puis par une sorte de fanfare de fête foraine, qui semble s'approcher puis disparaître dans le lointain, pour revenir et disparaître encore. Comme un souvenir de bonheurs envolés.

La pluie de cendres qui s'abat. À la fois sable avec lequel jouer comme des enfants et marée noire qui engloutit tout.

Les gestes. La femme qui git. Scène de crime.

Ensevelissement. Et du graphisme, des formes qui se créent puis s'effacent, improbables hiéroglyphes, harmonieuses volutes, routes inachevées qui mènent vers qui, vers quoi ?

Atmosphère de fin du monde. Étouffante. Oppressante.
Vertige et fascination.

Magnifique travail. Graphisme et symbole étroitement mêlés. Superbement servi par trois interprètes surprenants, Philippe Chosson, Jonathan Schatz et Maëlle Desclaux.

Les ténèbres ont tout envahi, le sol est complètement recouvert de noir.

Black est définitivement black.

Nicole Bourbon

 

 

Black out

Chorégraphie Philippe Saire en collaboration avec les interprètes
Dramaturgie Roberto Fratini Serafide
Lumières Philippe Saire
Conseil scénographie et lumière Sylvie Kleiber et Laurent Junod
Création sonore Stéphane Vecchione
Costumes Tania D'Ambrogio
Direction technique Yann Serez
Régie lumières Yan Godat
Régie son Philippe Saire

Avec Philippe Chosson, Maëlle Desclaux, Jonathan Schatz