Le Sentier des Halles
 50 rue d'Aboukir
75002 Paris
01 42 61 89 90
Le samedi 6 avril 2013

 

Il entre sur scène, long, mince, cheveux en bataille, lèvre boudeuse, œil allumé, look très étudié, guitare en bandoulière. Quelques accords, une voix douce légèrement éraillée puis qui monte, puissante, et vous voilà emporté dans l'univers de Rodrigue, un univers de folie douce, à la tendre violence, aux textes emplis d'une sombre poésie accompagnés de musiques entêtantes qui vous trottent rapidement dans la tête, où la suite d'accords Sol / Si / Mim revient souvent en leitmotiv lancinant.

Rodrigue c'est un poète inspiré, qui manie les mots avec une dextérité redoutable dans des associations déconcertantes, un show-man exceptionnel, un comédien qui met chaque morceau en scène avec une gestuelle très étudiée tout en paraissant extrêmement naturelle, un musicien insolemment doué qui s'accompagne lui-même au piano ou à la guitare sur certaines ballades plus intimistes.

Il bouge avec grâce et sensualité, tel un Mick Jagger au temps de sa jeunesse, et il faut le voir tournoyer sur lui-même, arpenter la scène et la salle d'une démarche féline, sauter, embrasser l'espace dans des étreintes démentes, s'agenouiller devant un musicien, exécuter une danse indienne avec une frénésie incantatoire, jouer avec le public.

Il nous emmène dans un monde peuplé d'êtres imaginaires, de sorcières, ou de gens de tous les jours mais qu'il raconte à sa manière et qui prennent tout à coup une dimension surprenante.

C'est un jeune homme en colère qui dénonce notre société avec virulence mais qui sait aussi se faire tendre et balayer ses imprécations d'un trait d'humour inattendu.

Il est accompagné par quatre musiciens hors pair, Arnaud Lefin à la contrebasse, Denis Bruneel au violoncelle mais aussi au trombone à coulisse et au piano, David Remy à la guitare, au banjo et à l'accordéon et enfin François Taillefer aux percussions, entouré d'un nombre impressionnant d'objets divers qui participent activement à la scénographie.

Après un premier album « Le jour où je suis devenu fou » très remarqué, le deuxième, « L'entre-mondes » vient de sortir le mois dernier.

Si vous n'avez pas la chance de voir Rodrigue en concert, achetez-les et n'hésitez pas à partir à la découverte de cet artiste étonnant, extravagant, insolite, singulier qui vous fera voir le monde autrement.

Si Rimbaud revenait, il s'appellerait Rodrigue.

« Tout le jour il suait d'obéissance ; très

Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits

Semblaient prouver en lui d'âpres hypocrisies.

Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,

En passant il tirait la langue, les deux poings

À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points. »

(Arthur Rimbaud)

Nicole Bourbon

 

Concert de Rodrigue

Avec :
Rodrigue (chant, guitare, piano)

Accompagné de
Arnaud Lefin à la contrebasse
François Taillefer aux percussions
Denis Bruneel au violoncelle
David Remy à la guitare, banjo et accordéon.