Le Sentier des Halles est une petite salle de théâtre reconvertie dans la chanson puis dans la musique, rock notamment. Deux concerts, ce soir-là. On attend. Le public n'est pas si nombreux. Autorisés à venir dans la salle le verre à la main, des jeunes entrent. Se posent sur les quelques banquettes pour certains et attendent, debout, pour les autres. Arrivée de Carnaval Triste, deux guitaristes, un batteur et le chanteur, sombre et mince, tout de noir vêtu. Ca commence sec, avec du rock musclé, baigné d'éclats de lumières. « …fracas des songes pourpres » Les paroles évoquent un peu Bashung. « le temps des loups, le temps des sirènes… » Des morceaux longs et entêtants, avec des musiques qui se succèdent et où on apprécie de se perdre. Signalons bien sûr leur morceau phare : « Basta cosi ».

Pour ce groupe, né à Troyes en 2009, l'essentiel, comprend-on rapidement, c'est la rythmique et surtout l'ambiance : déliquescente, vénéneuse, avec des mots qui griffent : « …règnent les rapaces financiers ». La voix est métallique et les métaphores…animales. Le réel sous sa version la plus noire. Rien de vraiment positif, juste des plaintes où parfois peut passer une lueur tendre  avec « Rosa l'amour » notamment. Et encore : « Dans son corps étranger, une armée de cellules refuse de mourir… » peut-on entendre.

A côté de cela, une méditation sur le temps, qui revient comme un leitmotiv.

Au final, on ne danse pas vraiment sur les musiques de Carnaval Triste. On écoute les paroles, on secoue la tête, on se laisse envahir par ce climat, cette perfection des interprètes et la gestuelle du chanteur,  François Rousseau, en contrepoint de sa voix entêtante et de ses paroles  à la pointe sèche.

Gérard Noël

Carnaval triste

Avec François Rousseau (chanteur, co-auteur avec Maxime Lonnnet), Giani Forte (compositeur, guitare), Teddy Moire (compositeur, basse, contrebasse), Romain Delaine (batterie, percussions).