LE BOUTON DE ROSE

L'Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard
75004 Paris
Réservations : 01 42 78 46 42
Jeudi, vendredi, samedi à 21h30

 

Certains resteront peut-être dubitatifs face à  un spectacle « à voix nue » intitulé « Le bouton de rose ». D'autres penseront qu'il s'agit d'effeuillage alors que le nu n'est ici que vocal. Ils auront remarqué, sur l'affiche, une silhouette sans visage mais avec quatre mains, pressantes, et le nom de Sophie Accaoui, à l'initiative de ce « bouton de rose ». Elle est à la fois auteur et interprète de ce spectacle consacré au plaisir féminin en général et plus spécifiquement à cet organe très intime, celui que la malheureuse conférencière a tant de mal (pudeur, blocage ?) à prononcer, …le « Rosebud » du film d'Orson Welles.  Il s'agit bien sûr du clitoris.

Nous voici donc partis pour une promenade entre citations et chansons de ce « joyau » du sexe féminin. Les textes sont de Voltaire (revu par Ricet-Barrier), du sexologue Gérard Leleu, tirés de « Psychologie magazine » ou de « la Tribune de Genève », mais oui.

Pour ce qui est des chansons, elles ont été chantées par Suzy Solidor (la grande Suzy !),  le farceur Dranem ou Georges Brassens. Son célèbre « 95 % » fait date dans la réflexion sur le sujet qui nous occupe.

Dans « le bouton de rose », on apprend, mine de rien, certaines choses qu'on ne savait pas (ou pas comme ça) ou bien qu'on avait oubliées. Ou dont on se doutait fortement. Ce spectacle « pour jeunes filles » à entendre la comédienne, comblera les femmes, jeunes ou moins jeunes, de même que les hommes qui pousseraient la porte du Théâtre Essaïon où se donne cette causerie en chansons; En gags et en chansons, devrions-nous dire, tant la mise en scène de Laurent Lévy, très inspirée, louche vers le burlesque et le théâtral, dans le bon sens du terme.

Il y a ce personnage de conférencière, d'abord coincée, dans lequel Sophie Accaoui  en tailleur rose et lunettes, est magistrale. Il faut, ce soir, qu'elle parle d'un pareil sujet, sujet qu'elle n'a pas dû choisir. Il le faut, alors elle s'y emploie : elle bredouille, aligne ou empile ses livres, entonne telle ou telle chanson d'une voix hésitante qui s'affermit peu à peu, jusqu'à, la surprise finale.

Dire que cette heure et quart de spectacle passe comme dans un rêve n'est pas exagéré. On est intéressé,  troublé (peut-être) et séduit par ce que raconte l'interprète, son naturel, et cette voix dont elle joue avec maestria.  

Bref on est prêt, en sortant, à recommander chaudement cette conférence chantée à ses amis et aux autres. La preuve !

 

Gérard Noël

 

De et Avec Sophie Accaoui