LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE

Théâtre de la Foudre
Rue François Mitterrand
76140 Le Petit-Quevilly
Réservations : 02 35 70 22 82

Du mercredi 18 au vendredi 20 octobre 2017 à 20h00

 

Légendes de la forêt viennoise loupePhoto © Arnaud Bertereau Agence Mona

Fils d’un diplomate autro-hongrois, Ödon Von Horvát naît en 1901 près de Trieste et grandit dans différentes villes, changeant de langue comme de pays avant de choisir l’allemand comme langue d’expression.

C’est dans cette dernière qu’il écrit Légendes de la forêt viennoise en 1931, empruntant le titre à une valse célèbre de Johann Strauss le jeune, comédie populaire dont l’action se situe à Vienne, dans la forêt viennoise et dans la Wachau (vallée traversée par le Danube à environ 80 km de Vienne), et qui se termine en tragédie.

L’histoire : dans une petite rue de la capitale, la boucherie d’Oscar jouxte le magasin de jouets tenu par Magicus et sa fille Marianne, qui lui-même est contigu au bureau de tabac de Valérie. Une fête est donnée dans la forêt pour célébrer les fiançailles d’Oscar et de Marianne. Or cette dernière croise Alfred, turfiste et amant de Valérie, dont elle tombe éperdument amoureuse. Faisant fi des conventions, elle refuse de se laisser imposer le choix d’un mari et décide de vivre avec Alfred, qui rompt avec sa maîtresse. Un enfant ne tarde pas à naître, qu’Alfred confie à sa mère, qui vit dans la Wachau. Quant à Marianne, qui a foncé tête baissée dans une passion à sens unique, elle est rapidement abandonnée par son amant et, reniée par son père, sans ressources, n’a d’autre solution pour subsister que de se produire dans un cabaret. Mais cette « déchéance » n’est hélas pas ce qui pouvait lui arriver de pire et, lorsqu’elle apprend la mort de son bébé, elle comprend qu’elle a touché le fond du désespoir.

Ce qu’elle ignore, c’est que la grand-mère d’Alfred, qui n’a jamais accepté l’enfant de la honte, le bâtard, a, dans le froid de la nuit, volontairement exposé son berceau aux courants d’air.

À présent que la jeune femme est de nouveau libre et sans enfant, Oscar le boucher propose à nouveau d’épouser Marianne…

Dans un monde écrasé par le poids du rigorisme religieux, vouloir, pour une femme, choisir sa vie et être maîtresse de son destin, est, presque inévitablement, voué à l’échec, et la lutte entre l’individu et la société, bien inégale…

Une société dans laquelle commencent à apparaître des signes d’adhésion d’une certaine jeunesse à une idéologie naissante qui fera, un peu plus tard, basculer l’Allemagne dans la barbarie.

Ainsi résumée, l’intrigue est bien désespérante.  

Pourtant, traitée sous forme d’opérette, entrecoupée de chants et de danses, ponctuée d’extraits musicaux célèbres, émaillée de passages cocasses et de répliques comiques, la pièce constitue un divertissement des plus réjouissants.

La mise en scène de Yann Dacosta donne aux douze comédiens, dont certains jouent plusieurs personnages, une importance égale. Tous retiennent le regard et aucun n’éclipse l’autre.

C’est une pièce chorale où chaque interprète joue sa partition en harmonie avec l’ensemble de la troupe. Il n’y a pas de premiers ou de seconds rôles. On admire le talent et la prestation de chacun ; ils sont tous excellents.

Grâce à un ingénieux système de décors tombant des cintres, on passe avec naturel d’un lieu à l’autre, d’une scène à l’autre.

La pièce, découpée en trois actes, dure trois bonnes heures avec un entracte d’un quart d’heure et pourtant, on ne voit pas le temps passer.

Les scènes s’enchaînent sans temps mort.

Mentionnons celle du cabaret – où Magicus découvre sa fille parmi les danseuses –, qui restitue avec brio l’ambiance débridée, frivole et canaille, de ces lieux de plaisir.

Le spectateur, séduit, applaudit ce théâtre musical qui, sous ses dehors légers, est une satire sociale ayant, en son temps, suscité des critiques virulentes.

La presse viennoise reprocha en effet à l’auteur de donner de l’Autriche une image déformée et l’extrême droite de ridiculiser les patriotes allemands.

Dans sa mise en scène de Légendes de la forêt viennoise, Yann Dacosta a parfaitement bien rendu la volonté d’Ödon von Horvát de « casser l’image d’une Autriche idyllique afin de montrer la brutalité individuelle et collective qui se cache derrière une façade d’opérette », pour reprendre les mots d’un critique.

Elishéva Zonabend

 

Légendes de la forêt viennoise

D’Ödön Von Horváth
Mise en scène : Yann Dacosta
Assistante à la mise en scène : Hélène Francisci
Compositeur : Pablo Elcoq (d’après Johann Strauss II)
Musiciens sur scène : Pauline Denize et Pablo Elcoq
Texte français de : Hélène Mauler et René Zahnd
Scénographie / accessoires : Fabien Persil
Créateur son : Johan Allanic
Mise en danse : Frédérike Unger
Maquillage : Agnès Blin
Coiffure : Céline Baju
Régisseur général : Marc Leroy
Régisseur plateau : Jérôme Hardouin
Administration - production compagnie : Marielle Julien

Production : Centre Dramatique National de Normandie-Rouen
Coproduction : PAN - Les Producteurs Associés de Normandie

Costumes : Corinne Lejeune
Création lumière : Samaël Steiner

Avec :

Théo Costa-Marini (Alfred)
Laëtitia Botella (Marianne)
Dominique Parent (Magicus)
Sandy Ouvrier (Valérie)
Jean-Pascal Abribat (Oscar)
Maryse Ravera (Grand-mère / Baronne/ Tante 1 / Une dame)
Jade Collinet (Mère / Hélène / Tante 2 / Emma)
Pierre Delmotte (Ferdinand Hierlinger / Le Gentleman Américain)
Florent Houdu (Eric / Havlitchek / Domestique)
Jean-François Levistre (Le Capitaine de Cavalerie / Le Confesseur)
Pauline Denize (Ida / Lycéenne / La jeune fille / Danseuse de chez Maxim)
Pablo Elcoq (L’animateur / Le cavalier de la jeune fille

 

Mis en ligne le 21 octobre 2017