COMMENT J’AI DRESSÉ UN ESCARGOT SUR TES SEINS

Théâtre du Balcon
rue Guillaume Puy
Avignon

les 16 et 17 mars et au festival 2018

 

Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins loupe 

« Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins », quelle mise en scène !!

Une magnifique plongée dans l’univers de Visniec

 

Le Théâtre du Balcon a mis en scène l’un des auteurs les plus joués du Festival d’Avignon (off) avec une quarantaine de créations depuis 1992.

Visniec est né en Roumanie en 1956, sous Ceausescu, mais il va se nourrir de Kafka, Becket, Ionesco ainsi que du courant Dada et Surréaliste. Fort loin de la pensée dominante il va  plonger dans un  théâtre de l’absurde, du grotesque avec des teintes oniriques. Ainsi le héros de « Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins » devient vite le coeur du personnage central, un cœur plein de fantaisie, qui sort du corps et vit sa vie bien souvent, comme un être incontrôlable. Un être, pas un organe, qui court dans les rues, descend les escaliers... fait sa vie. On est bien dans un théâtre décomposé où les personnages peuvent être des organes bien avant les êtres humains. Où les escargots sont des animaux obéissants et dociles... où tout pourrait être possible

On se retrouve dans un autre monde avec sa propre logique, ses  propres règles et ses codes. Visniec balaye tout, crée son  univers personnel.  Mais tout est poli, maîtrisé, les mots ont tous leur place, rien n’est laissé au hasard.

Dans cette pièce il s’agit du cœur d’un individu qui part à la recherche de celui d’une femme. « Vous avoir devant moi et garder en même temps mon cœur étouffé dans ma poitrine ce n’est pas possible. C’est pour cela que je préfère le sortir et le mettre devant vous, au milieu de la table. Comme cela on pourra parler à cœur ouvert. » L’homme raconte, se raconte, joue les personnages en vivant avec et dans « une boîte » qu’il utilise en l’utilisant par toutes ses faces, espèce de maison miniature comme une coquille d’escargot, comme un refuge ultime  .

Belle prouesse d’un acteur, Salvatore Caltabiano, qui nous tient en haleine avec une jubilation maitrisée tout en donnant la réplique à une voix, la belle voix de Dorothée Leveau en suspens au dessus de la scène. Beau travail de Serge Barbuchia qui a su trouver une mise en scène fluide, en s’appuyant sur sa scénographie intelligente et d’une efficacité remarquable. Le tout est ponctué par une musique fabuleuse d’Éric Craviatto il faut le reconnaître, c’est délicat enlevé et somptueux.

On est bien dans l’esprit du théâtre de Visniec, un théâtre pauvre sans aucun décor, un théâtre de l’essentiel. Il suffit juste d’un costume banal pour le personnage, mais ici il y a la malle, cet objet qui devient le personnage central ouvrant sans cesse de nouvelles perspectives, projetant le héros en avant dans sa quête amoureuse.

Un théâtre comme on l’aime, délicat, intelligent... il enrobe avec poésie et délicatesse des vérités cruelles qu’il met à nu sous de jolies métaphores.   Un grand bravo qui fut salué lors de la première par une salle archi-comble qui avait du mal à cesser d’applaudir. Personne n’avait envie que la pièce s’arrête.

Jean Michel Gautier

 

Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins

De Matei Visniec
Mise en scène et scénographie : Serge Barbuscia

Avec Salvatore Caltabiano
Voix : Dorothée Leveau

Musique originale : Eric Craviatto
Construction décor: Jean Pierre Marmoz
Direction technique : Sébastien Lebert
Coproduction : Atelier Florentin/Théâtre du Balcon

 

Mis en ligne le 13 févrierr 2018