BREAK YOUR LEG

au Théâtre des treize vents
domaine de Grammont CS 69060
34965 Montpellier cedex 2

 

Le patinage artistique est le seul sport à être rattaché par sa dénomination aux Arts. Rajoutez à cela l'histoire digne d'un roman entre Nancy Kerrigan et Tonia Harding et vous réunissez tous les ingrédients pour nourrir un projet théâtral. Et c'est sur cette matière que Break Your Leg a décidé de se construire. Mais avoir une bonne base pour une pièce ne veut pas automatiquement dire que le spectacle sera intéressant, intéressant et bon n'étant pas forcément synonymes quand on parle de théâtre. C'est toute la problématique que l'on se pose en sortant de cette création : certes c'est réussi mais ça n'en reste pas moins légèrement creux.

 

La qualité de ce spectacle est assez indéniable. Faire jouer le rôle de chaque protagoniste par un homme et une femme est une très bonne idée. Cela apporte à la fois de la drôlerie et une petite profondeur à chacune des patineuses. La mise en scène exploite intelligemment cette piste de jeux sans pour autant en faire trop. De plus le travail esthétique autour du patinage est un régal pour les yeux. Grâce à une machinerie simple, on voit les acteurs comme s'ils étaient sur la glace. Ces moments artistiques sont de vrais bijoux de travail et d'esthétisme. Utilisés avec parcimonie, ils viennent appuyer le spectacle sans pour autant devenir rébarbatifs ou inutiles. C'est indéniable : la justesse est au rendez vous.

 

L'utilisation de la vidéo reste un point plus discutable. Même si elle tend à s'estomper, la mode de l'utilisation de la caméra et de l'image filmée reste bien vivante comme en témoigne ce spectacle. Il ne faut pas pour autant rejeter ce média en bloc sous prétexte qu'il est utilisé souvent à tort et à travers, permettant aux metteurs en scène d'être dans le vent. Dire que, dans le cadre de cette pièce, la vidéo n'apporte rien serait un mensonge éhonté. En effet, les passages d'utilisation en direct de la caméra et de l'image plus ou moins retravaillée apporte un esthétisme et un sens certain à quelques moments du spectacle. Cela nous permet d'excuser le reste qui la plus part du temps n'apporte pas grand chose à la pièce. Par exemple, on se demande quel est l'intérêt d'avoir un présentateur, mimant ceux de la télévision, en vidéo pour poser ses questions.

Vous l'aurez compris, il n'y a que très peu de choses à redire sur la forme de Break Your Leg. Cependant, dès qu'on creuse un peu, on trouve le fond et c'est là que le bât blesse légèrement. Reprendre les faits en faisant semblant d'approfondir légèrement la nature des personnages pour tenter d'expliquer les faits survenus n'amène pas vraiment un fort intérêt à la pièce. Il nous aurait suffit de lire une biographie ou un témoignage pour arriver presque au même résultat. Il est vrai que le travail documentaire effectué en amont de cette pièce est énorme et très bien réalisé mais on regrette toutefois que ça n'aille pas vraiment plus loin. Cette impression est sans doute renforcée par le jeu des acteurs très peu convaincant.

 

Cette pièce est loin d'être incontournable et risque fortement d'être totalement oubliée dès le commencement de la saison prochaine. Toutefois ce n'est pas parce que ce n'est pas une perle rare qu'il faut la fuir. En effet, Break Your Leg est une pièce réussie qui vous fera passer un bon moment. Mais ne vous attendez pas à autre chose que savourer un instant esthétique et plutôt drôle qui vous changera les idées car passé son rôle de divertissement qu'elle remplit avec brio, cette pièce ne vous amènera pas plus loin.

 

Florian Gosselin

 

 

Texte, mise en scène, scénographie et costumes : Marc Lainé

Lumières : Christian Pinaud et Paul Beaureilles

Son : Teddy Degouys

Vidéo : Romain Tanguy

Assistante à la mise en scène : Emilie Capliez

Assistante à la scénographie : Alice Sabatier

Atelier costumes : Sophioe Hoarau

Conseillère patinage : Cyriane Felden

Les chansons  du spectacles sont arrangées par Teddy Degouys et interprétées par Odile Grosset-Grange.

Avec : Jean François Auguste, Raphaëlle Boitel, Odile Grosset-Grange, Pierre Maillet, Geoffrey Carey