BRASSENS L’IRLANDAIS 3

Théâtre en Flamme à Montpellier

prise de son Manu Rivalan
Mixage Georges Nounou

avec Didier Franco, Danielle Temstet et Georges Nounou

Totem Music 2019

 

loupe 

Brassens l’Irlandais, un concert live
une proposition osée, mais réussie.

 

Sortir Brassens de sa zone de confort derrière sa guitare faut oser !

Propulser Brassens dans des solos de violons faut le faire !

Extraire Brassens de son ambiance pour le propulser dans un bar irlandais faut du cran !

Manipuler ses musiques dans des ambiances blues, cajun, latino et même manouche là c’est du grand art !

Ils ont gardé les textes, intégralement, fidèlement, mais ils ont fait jaillir les bières, et saupoudré la musique d’un brin de folie. Ils ont décapé et poli l’œuvre, sorti l’esprit.

On est surpris au départ, un peu déboussolé, le terrain semble sableux, miné on croit qu’on va sombrer, que Brassens a perdu pied que la noyade va nous atteindre... mais très vite les adaptations font mouche, on est séduit, emballé on est pris par la proposition, on se laisse embarquer.

On est très loin du plon plon à la guitare du maître, on est loin de sa voix posée... très loin de tout cela on baigne dans une fête, là est le point essentiel. Les musiques principalement irlandaises sont parfois blues, cajun, latino et même manouche… c’est fait avec élégance brio et ça tient la route car c’est très bien maîtrisé.

Même si on est un inconditionnel de Brassens on craque pour ces interprétations car elles sont bien faites, avec humour, classe et justesse... Brassens aurait adoré.

Car n’oublions pas Brassens était opposé aux normes, c’était un sceptique. Il pensait qu’on ne peut jamais atteindre la vérité absolue, de là son anarchisme. Il était nourri par Socrate qui affirmait que la seule chose qu’il savait c’est qu’il ne savait rien. Il se rapprochait aussi d’ Épicure qui prônait les plaisirs simples : manger, boire être avec ses amis pour contempler la nature. Tout cela c’est dans leur musique, ils ont bien saisi, ils ont tout retranscrit.

Être emporté dans les tourbillons d’un violon irlandais entre deux chopes de bière quel délice.

Se laisser bercer et bousculer par cette frénésie sonore, cette entraînante mélodie c’est partir sur les textes avec un réel bonheur.

Mais les autres interprétations dans différents courants musicaux comme « Brave Margot » aux tonalités yiddish ou « La Chasse aux papillons » en manouche et « Supplique pour être enterré à la plage » de Sète en cajun, c’est apporter une dimension à ces textes et à l’œuvre de Brassens, c’est le comprendre réellement..

Une pêche d’enfer pour ce trio qui a sorti trois disques de Brassens dont un double chez Totem Music un petit label de Montpellier qui se consacre pleinement à ses protégés.

Georges Nounou est le leader, au chant à la guitare ses interprétations sont surprenantes.

Danielle Temset aux percus donne elle aussi de belles versions de certaines chansons avec une remarquable vigueur

Didier Franco au violon et alto nous porte derrière son formidable instrument.

Trois voix et quelques instruments donnent un autre tempo, une autre vision, une autre acoustique qui ne nous éloignent pas de Brassens bien au contraire, on est en plein dedans, au centre de sa philosophie. C’est à voir en concert, à écouter aussi avec bonheur.

Jean Michel Gautier

 

Mis en ligne le 19 mars 2019