DISCOURS D’INVESTITURE DE LA PRÉSIDENTE DES ÉTATS-UNIS

La  Croisée des Chemins Avignon
Salle Côté Cour
25, rue d'Amphoux
84000 - Avignon
+33 (0)7 84 40 78 67

à 13h40
du 5 au 28 juillet
Relâches : 8, 15, 22 juillet

 

Discours d’investiture de la Présidente des États-Unis loupe 

Le rideau s’ouvre sur une femme vêtue d’une robe de chambre, portant des pantoufles, en train de prendre le thé dans son appartement. Quelle surprise ! Rien à voir avec Hilary Clinton, qui aurait pu devenir la première femme Présidente des Etats-Unis. Qu’a-t-elle donc à nous dire ? Nous allons l’écouter, quelque peu intrigués.

Curieusement, elle se met à égrener avec une grande douceur ses souvenirs d’enfance. Elle nous parle notamment des relations avec ses voisins Jim et Margareta, qui lui avaient en quelque sorte servi de grands-parents.

Tout était si paisible dans cette maison où elle aimait parfois passer la nuit, loin de l’atmosphère conflictuelle régnant entre ses parents. Ils lui offraient le vrai spectacle : le regard entre gens qui s’aiment. « Quand on a la chance de voir ce regard, on le garde, car il nous éclaire de l’intérieur », précise-t-elle avec émotion.

Jim, blessé à la guerre, ancien professeur d’histoire, lui avait expliqué que « le XXème siècle s’était ouvert sur le meilleur et le pire, la cinquième symphonie de Malher ; et parlé de l’histoire comme « le grand livre des massacres. » En effet, les livres d’histoire ne font état que de dates ou de noms de grands généraux ; mais rien sur l’abjection, la monstruosité de la guerre, dont chacun devrait connaître la réalité. « Une seule image en dit plus que tous les manuels d’histoire et nous montre le poids de l’humanité saccagée », lui avait-il confié. La guerre, tellement fascinante autant qu’on la redoute ; la guerre présentée comme inhérente à la nature humaine, dans une grandiose mystification ! La guerre, une affaire de haine totale, où l’homme, « un fusil à la main, perd toute faculté de discernement. » La guerre fondée sur un poncif érigée en vérité : l’homme est mauvais, « l’homme est un loup pour l’homme », selon les termes d’Hobbes. Mais en réalité, l’homme n’est ni bon ni mauvais, lui avait fait comprendre Jim : il a le choix de l’un ou l’autre. Et il doit effectuer le bon choix : la paix est une nécessité biologique !

Ayant évoqué ces beaux souvenirs d’enfance, qui ont d’une certaine manière constitué la femme qu’elle est devenue, elle peut prononcer son discours d’investiture. Elle se métamorphose, et, ayant revêtue un costume, s’adresse à nous sur un ton décidé et convaincant.

En tant que femme, elle promeut une nouvelle façon de faire de la politique, qui puisse nous entraîner « vers des horizons de conscience inexplorés. » Rejeter la haine, qui n’a rien d’irrémédiable ; se tourner vers la liberté et l’enchantement d’exister ; se libérer de nos peurs, nos haines, et de l’ennemi en nous ; se reconnaître comme semblables pour pouvoir construire enfin une société authentiquement humaine. 

Et en fin de compte, faire émerger un nouvel homme, un homme civilisé capable de faire appel à son intelligence et sa sensibilité. « L’humanité est un grand corps dont chacun est une cellule. Et où chaque cellule doit être mise en situation de responsabilité à l’égard de l’ensemble, sous peine de souffrance individuelle et collective », nous dit cette nouvelle Présidente des Etats-Unis, qui fut d’ailleurs biologiste, avant de se tourner vers la politique.

Cette femme, si simple en apparence au début du spectacle, propose donc un nouveau pacte politique on ne peut plus ambitieux, mais à tout le moins indispensable aujourd’hui où les politiciens sont tellement décriés, décrédibilisés, et ce, à juste titre. Une réhabilitation de la politique, au sens noble du terme, apte à promouvoir un réel art de vivre ensemble, et l’intérêt général, si loin des intérêts personnels ou partisans. Une forme d’utopie certes ! Mais si nous avions d’utopie pour nous éclairer sur notre chemin d’espérance ; et si en politique, comme dans la vie en général, la femme était « l’avenir de l’homme » selon les termes d’Aragon, et plus largement, bien entendu, du genre humain…

Un spectacle admirablement interprété par Claudine Guittet, dont il faut souligner la présence forte et sensible à la fois, avec une excellente mise en scène minimaliste de Chantal Péninon, sur très beau texte, profondément humaniste, de Roger Lombardot.

Je vous invite à y découvrir un autre très beau spectacle du même auteur : 68 Mon Amour (également mis en scène par Chantal Péninon).

Dans un théâtre qui propose toujours des spectacles à la Croisée… de l’émotion et de l’intelligence !

Fabrice Glockner

 

Discours d’investiture de la Présidente des États-Unis

Auteur : Roger Lombardot
Metteuse en scène : Chantal PÉNINON

Avec : Claudine Guittet

Régisseuse : Chantal Péninon

 

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Mis en ligne le 15 juillet 2019