VINGT-QUATRE HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME SENSIBLE

Théâtre de la Carreterie
101, rue de la Carreterie
84000 – Avignon
+33 (0)7 69 71 98 12 +33 (0)4 90 87 39 58

à 20h45
du 4 au 28 juillet
Relâches : 9, 16, 23 juillet

 

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme sensible loupe 

Ce titre fait immédiatement penser à la célèbre nouvelle de Stefan Zweig : Vingt-quatre heures de la vie d’une femme.

Zweig, cet analyste si pénétrant de l’âme humaine ; Zweig, d’une sensibilité extrême en émoi perpétuel décrivant si parfaitement les sentiments intimes et les passions secrètes de la vie humaine ; Zweig, psychologue intuitif et subtil, pour qui « chaque homme a sa fêlure, vit au bord du gouffre. »

Ce que l’on sait moins, c’est que le texte de Constance de Salm, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme sensible, a inspiré Zweig. La jeune écrivaine et comédienne Eva Byele en fait ici une brillante adaptation théâtrale.

L’histoire ?

Une femme, seule dans son salon écrit à sa table de travail des lettres. La scène se déroule dans les années 1920. Dans sa maison bourgeoise, elle se désespère du rôle auquel elle se trouve confinée depuis son mariage. Mais, dans cette solitude, elle vit une autre vie, avec les livres qu’elle lit ou écrit.

Un jour, elle rencontre chez des amis un homme, artiste comme elle, un compositeur de musique, avec lequel la reconnaissance spirituelle est immédiate. S’ensuivra un amour, aussi passionné qu’éphémère, tout en pure volupté. Elle lui écrira vingt-quatre lettres en vingt-quatre heures, dans lesquelles elle fera état de tous les sentiments qui l’assailliront, de la confiance au doute, du raisonnement à la colère, de la rancœur au désespoir.

Le spectacle aborde subtilement plusieurs thèmes, qui toucheront les âmes… sensibles, justement !

L’absence, « son souffle délicieux qui exacerbe les sens », mais qui sait également raviver la blessure de l’inassouvi quand les secondes s’égrènent comme des heures ; l’alcool, comme « remède à la lâcheté des hommes », solution face à l’absence, le silence, la solitude ; sa crainte d’un amour factice, avec un lovelace, un homme qui « aime seulement sur le moment. »

La lecture et plus encore l’écriture, comme échappatoires, moyens d’émancipation pour des femmes enchaînées dans la société et le mariage, leur permettant de comprendre que le bonheur se trouve principalement dans l’éducation de la pensée et de l’esprit. Du droit au bonheur en se libérant des chaines qui asservissent !

L’extase amoureuse avec cet homme lui permettre in fine de se rencontrer elle-même : « J’avais besoin de vivre, mais je ne le savais pas encore », dira-t-elle toute vibrante d’émotion.

Et, si nous y réfléchissons bien, ne sommes-nous pas parfois, voire souvent, hors de la vie, engoncés dans des habitudes, prisonniers de schémas de pensée contraignants, d’automatismes vertigineux, en proie aux affres de fausses passions ?

Quoi qu’il en soit, je vous invite vivement à aller découvrir ce spectacle, avec la jeune et talentueuse comédienne Eva Byele, dans une interprétation délicate et sensible, qui signe également la mise en scène, sur une musique composée par Louis Raveton et des costumes réalisés par Pedra.

Signalons également à 17h30 tous les jours, une excellente adaptation de Lettre d’une inconnue, de Stefan Zweig.

Fabrice Glockner

 

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme sensible

Écri et mis en scène Eva Byele 

Avec : Eva Byele

Assistante mise en scène : Marion Peltier
Création musique : Louis Raveton

 

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Mis en ligne le 14 juillet 2019