L'OPÉRA D'UN FOU

Théâtre des Béliers
53, rue du Portail Magnanen
84000 Avignon
04 90 82 21 07

19h15

L'opéra est une forme de théâtre musical. Il mêle texte, chants, musique, chœurs, danse. Les œuvres y sont flamboyantes, lyriques, propres à déclencher les émotions les plus diverses.

Si « L'Opéra d'un fou » n'est pas exactement un opéra classique, il correspond néanmoins parfaitement à ces définitions.

Sauf que…

Sauf que c'est un homme seul qui réalise l'exploit d'accomplir  tout cela  à la fois.

Pierre Lericq nous donne ici une fois encore un aperçu de l'étendue de son talent.

Il n'interprète pas Gérard de Nerval, il EST le poète, le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie, celui qui signait au bas d'une de ses photographies »Je suis l'autre ».

Il raconte  la prose de l'écrivain avec une fougue, une vérité, une passion incroyables  et ce phrasé si particulier qu'il a en opérant des césures où on ne les attend pas, mettant chaque mot en relief. Il bouge avec une élégance naturelle, danse, tourne, change de voix et d'apparence pour mettre en scène d'autres personnages de rencontre, Sylvie, son frère de lait, un vieux.

Il chante les poèmes qu'il a mis en musique avec Nicolas Lepont, son double, son frère en mise en scène,  qui le soutient magnifiquement de la voix et de différents instruments, accompagné de son complice depuis  15 ans  Jean Pierre Spirli, musicien de haut niveau.

Les musiques sont violentes, fortes, rock, électros, c'est puissant et transcende le chant.

Sur le plateau, deux rideaux transparents posés de biais, derrière lesquels on aperçoit les musiciens. Entre les deux, une chaise avec un manteau noir sale et élimé posé sur le dossier. Derrière elle, trois marches surmontées d'une croix à laquelle est accroché un tambourin comme une auréole.

Dans cet espace réduit, l'artiste va réussir à nous entraîner dans la folie du poète, remontant la trame de ses amours, faisant revivre les épisodes marquants de sa vie, on retrouve son petit village natal  de Loisy, les femmes qu'il a (si mal) aimées, Aurélia, Sylvie, Adrienne, la clinique du Docteur Blanche.

On est happé par un incroyable  panel d'émotions, on sourit, on rit, on a les larmes aux yeux.

Au fil du temps, la tension monte, l'artiste ou l'écrivain, -peu importe, on ne sait plus qui on a sous les yeux, - souffre, crie, puis s'apaise pour rugir de nouveau, tourmenté par ses fantômes, gagné par la folie.

Le final est superbe, la pendaison est vite suggérée, et un dernier chant s'élève au son lancinant d'un harmonica qui s'éteint lentement.

Parmi les définitions du mot fou, on trouve : hors de  son état habituel, porté à un  degré extrême avec intensité.

Et on se demande alors qui est le fou : Nerval, Lericq ? Pierre ou Gérard ?

Merci Monsieur Lericq de nous faire vivre un moment exceptionnel avec cette création forte, impressionnante , véritable performance,  qui donne tout son sens au mot « spectacle vivant ».

 

Nicole Bourbon

 

 

L'Opéra d'un fou

Les Epis noirs

Mise en scène : Pierre Lericq
d'après l'œuvre de Gérard de Nerval

Musiques : Pierre Lericq et Nicolas Lepont

Avec : Pierre Lericq - acteur, Nicolas Lepont - musicien,  Jean-Pierre Spirli - machine et son

Costumes : Alexandra Konwinski
Lumières : Patrice Besombes
Production : Emma Debroise
Tourneur : Atelier théâtre actuel