AMOUR DE DON PERLIMPLIN AVEC BÉLISE EN SON JARDIN

La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018 Paris
01.42.33.42.03

Jusqu’au 27 février
du mercredi au samedi à 19h00

 

Amour de don Perlimplin avec Bélise en son jardin loupe 

Si Federico Garcia Lorca présentait Perlimplin comme un alléluia érotique appartenant au genre tragi-comique, la mise en scène de Dolores Lago Azqueta plonge le spectateur dans un univers souvent angoissant.

L’intrigue paraît simple : Perlimplin, la cinquantaine, se laisse convaincre par sa servante Marcolfa : il demande la main de la jeune Bélise. La mère de cette dernière approuve cette union pour des raisons économiques et voilà qu’une fois le mariage prononcé, Perlimplin tombe éperdument amoureux de la belle. Cette dernière, qui avait l’habitude de chanter à qui voulait l’entendre, depuis son balcon, qu’elle avait « un poisson entre les cuisses » ne se satisfait pas de son vieil époux. Elle cherche du réconfort auprès de beaux chevaliers qui passent sous ses fenêtres une fois la nuit tombée. Mais le mari, d’abord cocu mais content, saura lui aussi jouer au jeu de l’amour…

Cette pièce, datée de 1928 et très peu jouée du vivant de Lorca, était prévue pour des marionnettes. Nous les retrouvons dans cette version mais d’autres choix se veulent plus audacieux et contribuent à donner à l’œuvre une dimension plutôt profonde et menaçante. Le trio d’acteurs interagit avec ses clones de bois et de chiffons sur fond de guitare électrique, de jeux de lumière et d’obscurité ainsi que de chuchotements – pas toujours audibles, c’est bien là le seul bémol. Et surtout, comme un clin d’œil aux amours de Lorca, Bélise est un homme. Et Jean-Philippe Marie en fait un personnage hypnotisant : s’il se moque de Perlimplin tout en le sous-estimant, on retient surtout l’effrayante fascination qu’il fait naître chez lui. La scène de la danse avec cette immense cape rouge et noire traduit la puissance vertigineuse du sentiment amoureux : le vieillard est alors happé dans un tourbillon. Et même la bienveillante Marcolfa – Eleonora Rossi – n’y pourra rien changer. Loin de la farce et du grotesque, Mario Tomás López sait rendre Perlimplin attendrissant. Les acteurs dirigés par Dolores Lago Azqueta semblent représenter sans crainte le désir et évoquer les conflits entre l’âme et le corps, l’être et le paraître, tout en offrant une nécessaire pérennité à la poésie de Lorca.

Ivanne Galant

 

Amour de don Perlimplin avec Bélise en son jardin

Alléluia érotique (Lorca)
Traduction et mise en scène : Dolores Lago Azqueta

Avec : Mario Tomás López, Jean-Philippe Marie et Eleonora Rossi

Scénographie : Magali Murbach
Musique : Tom Honnoré
Régie : Patricia Luis-Ravelo.

 

Mis en ligne le 28 janvier 2016