MISERY

Théâtre Hébertot.
78 bis, boulevard des Batignoles
75017 Paris
01 43 87 23 23

Jusqu’au 6 janvier 2019
Du mardi au samedi à 21h
matinées le samedi à 16h30 et dimanche à 15h.

Misery loupePhoto  © Nathalie Sternalsky

Auteur de romans à succès, Paul Sheldon pris dans une tempête de neige dans le Colorado, est victime d’un grave accident de voiture. Il est recueilli par Annie Wikes une ex-infirmière, grande admiratrice de l’auteur et très attachée à Misery Chastain, personnage principal de sa saga littéraire. Celle-ci lui sauve la vie en réparant comme elle le peut ses diverses fractures aux jambes, du moins c’est ce que l’on peut penser au début. Mais elle va vite changer de comportement quand elle s’aperçoit que l’auteur fait mourir sans remords son héroïne dans le prochain opus.

Adapté du best-seller de Stefen King, le bourreau et la victime nous servent un huis-clos particulièrement angoissant où Annie le force à brûler le manuscrit de son dernier roman et à commencer un nouveau volume des aventures de Misery pour ressusciter l’héroïne. Myriam Boyer est stupéfiante dans la peau de cette psychopathe déterminée. Elle qui l’a recueilli, soigné, elle va le kidnapper avec une cruauté machiavélique en s’enfonçant dans une folie sans retour avec pour seule obsession la renaissance de son fantasme, le vrai miroir de sa pauvre vie tourmentée. Avec sa voix calme et son intonation particulière, elle est effrayante et donne au dialogue toute la déraison de son esprit dément devenu incontrôlable. C’est un monstre que l’on voit se transformer après chaque très court noir de la pièce, un peu comme les pages d’un roman que l’on tourne, comme les heures, les nuits, les jours, les semaines qui passent sans fuite possible pour l’auteur blessé dans sa chair et cloué sur sa chaise roulante. Francis Lombrail (Paul) souffre, se bat, se rebelle, hurle sa douleur, tente la séduction, mais abdique et fait revivre dans le crépitement incessant de sa machine à écrire, et bien malgré lui, Misery avec le talent de faire partager au public son effroyable cauchemar et c’est vrai que l’on a vraiment envie de l’aider, de le délivrer durant toute la pièce. Il fallait pour arriver à ce résultat des comédiens de haut niveau, des dialogues tranchants, et une mise en scène parfaite et elle est magnifiquement réussie avec des moments de vidéos et de musiques électriques qui appuient un peu plus ce cauchemardesque moment d’enfermement. Du très bon théâtre à découvrir. Angoisse et suspens garantis.

Patrick Rouet

 

Misery

De William Goldman d’après la nouvelle de Stephen King, adaptation française de Viktor Lazlo.
Mise en scène : Daniel Benoin..

Avec Myriam Boyer et Francis Lombrail, Daniel Benoin (en vidéo) dans le rôle du policier.

Scénographie : Jean-Pierre Laporte.
Costumes : Nathalie Bérard-Benoin.
Création lumières : Daniel Benoin.
Vidéo : Paulo Correia.

Mis en ligne le 22 octobre 2018