MICHEL-ANGE ET LES FESSES DE DIEU

Au Théâtre 14
20 av. Marc Sangnier
75014 Paris
01 45 45 49 77

Jusqu’au 24 février 2018
lundi à 19h00, mardi mercredi jeudi vendredi à 20h45, samedi à 16h00

 

Michel-Ange et les fesses de Dieu loupe 

Pièce d’un jeune auteur, elle nous raconte la formidable bataille livré par Michel-Ange, sculpteur à la base, pour accomplir son œuvre maîtresse, à savoir le plafond de la Chapelle Sixtine. Dès le début, il s’interroge : 20 m sur 40 m. Une gageure. À la proposition première de son commanditaire, le pape Jules II, représenter les douze apôtres, il va vite proposer d’illustrer la Genèse, depuis la Création jusqu’à la chute de l’homme.

Nous sommes au théâtre : quoi montrer, que donner à voir ? Sur un fond de boiserie, il y a une chaise, un tabouret, quelques accessoires. Et un échafaudage, surtout, caché par une immense toile verticale : nous y sommes. Derrière, Michel-Ange s’active. Les autres personnages seront le pape Jules II, tonitruant, parfois rêveur, parfois soudard (il est aussi chef de guerre !) incarné tout en finesse par François Siener. Il fallait à ce créateur méfiant (il redoute principalement qu’on vienne lui voler ses idées) un aide unique, un peu Sganarelle, un peu homme à tout faire. Jean-Paul Comart prête à Mattéo ses mimiques naïves et sa bonne volonté. Quant à Michel-Ange, le metteur en scène Jean-Paul Borde s’est attribué le rôle : choix judicieux, même si son personnage d’artiste est un peu en creux : il peine, il s’enflamme, il souffre, mais avec plus d’émotions que de chair. Pourquoi pas ? Ses doutes n’en sont que plus forts et son succès plus méritoire. C’est que les difficultés ne vont pas manquer : d’abord l’artiste se sent surveillé. Il est protégé par des gardes. Il perd la vue, puis la retrouve. Il se décourage. Du salpêtre apparaît. Jules II part se battre ailleurs. Les retards s’accumulent, comme les problèmes d’argent. Tout ceci est traité par petites touches, sans effets appuyés et on s’attache à ce pape (doté d’une fille) qui se demande où un personnage, avec son visage à lui, sera placé. On comprend Mattéo, qui se plaint souvent, mais reste fidèle à son patron tout en faisant visiter en catimini la chapelle, pour se faire de l’argent…

On n’aura pas droit à l’œuvre achevée : elle sera suggérée dans le texte, bien sûr, et on en verra des croquis, les fameux « cartons ». Michel-Ange, peu doué pour les rapports humains, se disait inspiré par Dieu. Son œuvre reflète sa piété, mais aussi son audace, dans la représentation de corps nus sur le plafond de cette Chapelle.

Un spectacle réussi, donc. Finement écrit et brillamment interprété.

Gérard Noël

 

Michel-Ange et les fesses de Dieu

De Jean-Philippe Noël.
Mise en scène : Jean-Paul Bordes

Avec : François Siener, Jean-Paul Comart, Jean-Paul Bordes, César Dabonneville

Scénographie : Nils Zachariasen
Costumes : Pascale Bordet
Lumières : Stéphane Balny

 

Mis en ligne le 12 janvier 2018