MENSONGES

Théâtre Jean Vilar
1 place Jean-Vilar
94400 Vitry-sur-Seine
01 55 53 10 60

Le 27 novembre 2016 à 15h00

Puis au CDN de Nancy du 16 au 19 mai 2017

 

Mensonges loupe Photos : Philippe Delacroix

« Un mensonge en entraîne un autre » : la formule de Térence sert de devise à ce spectacle original à plusieurs titres. Résultat d’une commande passée en 2014 par Véronique Bellegarde, créé à Avignon cet été, Mensonges est en effet une suite de six courtes pièces écrites par six dramaturges tous européens mais de nationalités différentes. Un projet collectif donc, mais c’est du théâtre contemporain, expérimental, collaboratif aussi, non seulement parce que les spectateurs sont invités dans le hall à témoigner de leur propres mensonges – dont les plus intéressants sont affichés sur un mur –, mais surtout parce qu’ils doivent se déplacer d’un lieu à l’autre pour chaque nouvelle scène, allant de la salle de répétition aux coulisses, déambulant dans les couloirs du théâtre comme une classe visiterait un lieu culturel. Comme une métaphore de l’état actuel de l’Union européenne ?

Là, qu’est-ce qui est donné ici à voir ? Le fil directeur de cette déambulation n’est pas très évident car derrière le thème du mensonge se range des illustrations assez éloignées les unes des autres, de l’allégorie bouffone d’une démocratie multiculturelle démissionnaire et désemparée (L’heure de religion de Davide Carnevali) aux troublantes pièces sombres sur la manipulation et la dissimulation (Bélial de Yannis Mavritsakis et Le collateur de Josep Maria Miro) en passant par l’exercice de style un peu vain (That Moment de Nicoleta Esinencu) et le pamphlet politico-écologique assez convenu (Faillite  de Christian Lollike). Trois mots, du français Frédéric Sonntag qui a par ailleurs travaillé à conception de ce spectacle, est peut-être la plus réussie de la série parce qu’elle interroge la complaisance avec laquelle nous acceptons le mensonge le plus improbable, et y participons nous-mêmes : avec peu de moyens, quelques éclairages et un bruit de pluie en fond, la situation est là,  une ambiance est posée et l’émotion surgit.

On soulignera pour finir la performance des quatre comédiens, qui nous entraînent d’un mensonge à l’autre avec une grande virtuosité qui donne plaisir à les suivre.

Frédéric Manzini

 

Mensonges

D’après That Moment de Nicoleta Esinencu, Bélial de Yannis Mavritsakis, L’heure de religion de Davide Carnevali, Le collateur de Josep Maria Miro, Trois mots de Frédéric Sonntag, et Faillite  de Christian Lollike
Conception, mise en scène : Véronique Bellegarde
Collaboration à la dramaturgie : Frédéric Sonntag
Lumière : Philippe Sazerat
Musique originale : Philippe Thibault
Vidéo : Olivier Garouste
Costumes : Laurianne Scimémi

Avec : Quentin Baillot, Christophe Brault, Julie Pilod, Odja Llorca et Philippe Thibault (musique)

 

Mis en ligne le 27 novembre 2016