L'HOMME DU SOUS-SOL

Villa Mais d'ici
19 rue Sadi Carnot
93300 Aubervilliers
01 41 57 00 89

Reprise du 10 au 12 avril 2014 à 20h30

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Mis en ligne le 11 avril 2014

L'homme du sous-sol

Le lieu, déjà, avec son charmant jardin planté au cœur d'Aubervilliers, a tout de la beauté de l'étrange, depuis son nom jusqu'à la structure du bâtiment lui-même qui semble fait de bric et de broc. D'inquiétants aphorismes peints en blanc et en rouge un peu partout sur les murs interpellent… Et soudain un homme surgit, vous fixe puis, avec un accent des pays de l'est, vous murmure drôlement à l'oreille les premiers mots des Carnets du sous-sol : « Je suis un homme malade, un homme méchant, un homme repoussoir ! ».

Pris à partie dans une atmosphère festive, les « spectateurs » rient de plaisir et d'étonnement, certains sont gênés tandis que d'autres cherchent plutôt à se prêter au jeu, sans savoir quelle est la part d'improvisation qui (leur) est permise. Il est vrai que cette adaptation de Dostoievski relève autant de la véritable performance artistique que du théâtre au sens classique du terme. Simon Pitaqaj ne donne pas à voir une jolie représentation, il incarne physiquement le narrateur qui a choisi de vivre à l'écart du monde, enfermé dans ce sous-sol noir comme dans l'intimité de sa conscience, et qui souffre de cet isolement autant qu'il s'en enorgueillit. Après tout, comme il fait mine de s'interroger lui-même « que vaut-il mieux : un bonheur bon marché ou une souffrance qui coûte cher ? Non, mais que vaut-il mieux ? »

La détresse de cet homme en proie à ses contradictions, ses démesures et ses angoisses le conduira à danser avec enthousiasme, s'emporter avec violence, casser un mur, pendre ses parents figurés par des poupées de chiffon, se rouler par terre pour l'amour de Liza génialement transposée en Mona Lisa, se scarifier, etc. On ne comprend pas toujours tout ce qui se passe mais l'on ressent, surtout, sa folie, sa lucidité, et le tourment qu'il y a à se sentir enfermé dans ses propres pensées, cette maladie de la conscience et donc de la condition humaine.

Frédéric Manzini

 

L'homme du sous-sol

D'après Les carnets du sous-sol de Dostoievski

Mise en scène et jeu : Simon Pitaqaj
Travail corporel : Cinzia Menga
Regard extérieur : Claude Maurice Baille, Mathilde Bost
Scénographie : Simon Pitaqaj
Construction d'objets : Yoann Cottet
Création lumière : Flore Marvaux
Régisseur : Ali Haddar, Cedric Lasne