LETTRES À NOUR

Vu au Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis boulevard de la Chapelle
75010 Paris
01 46 07 34 50

 

Lettres à Nour loupe 

Comprendre la violence, déconstruire nos idées reçues et humaniser. Lettres à Nour est la correspondance entre un père philosophe et sa fille partie faire le djihad. Deux visions de la foi vont se confronter et se répondre. Rachid Benzine réussit à inventer ce dialogue qui tient debout grâce à l’amour filial qui lie les deux protagonistes.

Le 13 novembre 2015, Rachid Benzine se sent tiraillé intérieurement. « Pourquoi tant de jeunes hommes et jeunes femmes, nés dans mon pays, issus de ma culture, dont les appartenances semblent recouvrir les miennes, décident-ils de partir dans un pays en guerre et de tuer au nom d’un Dieu qui est aussi le mien ? » Dans cet écrin des Bouffes du Nord, Rachid Benzine lui-même et Delphine Peraya nous offrent cet échange épistolaire, bercée par la trompette d’Anis Faris. La scénographie épurée laisse place à l’essentiel, au dialogue. Rachid Benzine n’est pas comédien, pourtant, sa douceur nous berce, il est investi par le rythme de ses mots.

Le texte transcende le manichéisme auquel nous sommes habitués. Il est difficile de tenter de déconstruire quand nous sommes touchés dans notre chair. Nour a rencontré un garçon sur internet qu’elle décide de rejoindre pour faire le djihad. Elle semble avoir trouvé son paradis terrestre, ses frères et sœurs partagent la même foi et soif de liberté. Peu à peu, cette utopie se déchire, les mots de son père deviennent une vérité qu’elle fuyait. Cet amour infini qui les lie, la sauve et donne de l’espoir. L’auteur ne se contente pas de décrire une réalité éloignée de la nôtre. Rachid Benzine amplifie les tensions de la société française et imagine cet homme lettré considéré comme mécréant, persécuté par des radicaux au sein de notre propre société. La lucidité, le dialogue et l’amour porté à l’autre sont les seuls garde-fous. 

Alexandra Diaz

 

Lettres à Nour

Avec Delphine Peraya et Rachid Benzine
Avec la participation de Anis Faris à la trompette

Texte et mis en scène Rachid Benzine
D’après le roman Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de Rachid Benzine (Ed. Seuil, 2016)
Assistant à la mise en scène Sébastien Monfé
Création lumières Fida Mohissen
Régie générale Olivier Mandrin
Costumes et décor Ateliers du Théâtre de Liège
Création musique Anis Faris

Une production du Théâtre de Liège

 

Mis en ligne le 14 octobre 2018