LES PÂTISSIÈRES

Reprise au

Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Tél. 01 43 66 01 13

Jusqu’au 22 février
À 19h30 du jeudi au samedi
Dimanche à 15h

relâches les 25 décembre, 1er, 29, 30, 31 janvier & 1er février
dates supplémentaires 31 décembre & 4 février à 19h30

 

Vu aux Déchargeurs en 2012

 

Les pâtissières loupe

 

Sur scène, il y a un décor de cartons. L’éclairage est « a giorno ». Étrange. On respire en voyant, pomponnées de frais et délicieusement rétro, arriver les trois sœurs.

Nous ne sommes pas chez Tchekhov et ces dames ont parfois un langage fleuri. L’histoire ? Elle est simple : trois sœurs pâtissières, à qui leur papa a appris le métier et légué la boutique, répondent aux questions d’un commissaire invisible. Il y est question de la disparition d’un certain Laurent Pintrol (dont le nom sera systématiquement l’objet de variantes tout au long de la pièce) Les trois sœurs répondent, se répondent, commentent leurs réponses, dans une sorte de montage littéraire qui peine à se mettre en place. S’ensuit la lecture d’un journal et un débat sur la pâtisserie. C’est un peu long. On comprend la démarche de l’auteur, mêler présent et passé, utiliser la fluidité du langage comme une passerelle pour nous faire voyager. Il n’est hélas ni Fabrice Melquiot, ni Pierre Notte.

« Le goût merdeux hait le goût véritable ; » fait-il dire à une de ces dames. Élégant.

Petit à petit, les choses arrivent quand même à exister : Pintrol est évoqué de façon précise. C’était un rapace, qui voulait racheter la pâtisserie. Flo la rousse, Mina la ronde et Lili la blonde (et préférée du père) évoquent à présent leurs funérailles. Lili chante et nous sommes à nouveau à la maison de retraite. L’occasion, aussi, de convoquer (clin d’œil à une chanson de Guy Béart) « ce cher Franz », qui fut leur amour de jeunesse à toutes les trois.

C’est peut-être à partir de ce moment-là et grâce surtout aux trois comédiennes, à leur art de faire exister des chamailleries, de vieilles habitudes, que la partie se gagne peu à peu. Il était temps. Chacune dans son style, Chantal Deruaz et Christine Guerdon dans la douceur ou le fiel, Christine Murillo, davantage tonitruante mais aussi émouvante et fine, elles sauvent l’entreprise.

Les remarques aux spectateurs, les « a parte », le coup du théâtre dans le théâtre, pâlissent décidément, face à la force de la « fable ». À la transmission directe de sensations, d’émotions, de tout le passé commun de ces trois-là. Il est des spectacles où le texte est meilleur que les comédiens, ou comédiennes. Nous ne sommes pas loin de penser que c’est ici le contraire.

Quelques surprises heureuses nous sont ménagées, comme Lili chantant, ou la façon dont Franz se manifeste. L’image finale est une trouvaille comme on en aurait aimé davantage.

Bien dirigées nos dames pâtissières ont l’élégance de ne pas en faire trop. De laisser parler leur brio et leur talent pour, qu’au finish, on soit ému. Pari gagné.

Gérard Noël

 

Les pâtissières

Texte : Jean-Marie Piemme
Mise en scène : Nabil El Azan assisté de Théo Zachman
Scénographie : Sophie Jacob
Lumières : Philippe Lacombe
Images : Ali Cherri.
Costumes : Danièle Rozier

Avec Chantal Deruaz, Christine Guerdon, Christine Murillo

 

Mis en ligne le 18 décembre 2014

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