LES GENS MOCHES NE LE FONT PAS EXPRÈS

Au théâtre de Ménilmontant
15 rue du Retrait
75020 PARIS
Les 7, 14,15,16,21 et 22 avril 2011 à 19h30.
Tél : 01 46 36 98 60

 

La jeune compagnie SARBEN, Sar pour Sarah François et Ben pour Benjamin Lousse, le metteur en scène, a investi le théâtre de Ménilmontant. Elle y présente quatre spectacles, trois classiques (deux Feydeau, un Marivaux) et un contemporain. Le contemporain, c'est « Les gens moches ne le font pas exprès ».

Sarah François y incarne  en robe blanche, une Marilyn disons, – potelée, puisque le physique est justement le corps du spectacle. L'auteur, Jérémy Patinier a écrit une sorte de one-woman show sur ce thème. On comprend rapidement que pour lui, de gros à moche, il n'y a qu'un pas et de moche à con, pareil. Encore qu'on puisse être moche et intelligent, voire beau et con (comme le chantait déjà Jacques Brel) Et de faire disserter son interprète sur ce thème, à coup de phrases littéraires, souvent vachardes.

Sarah François y bouge, bien, y danse, y chante « l'air des bijoux » de Faust, et campe le temps d'un sketch hélas unique, une petite vieille touchante, friande de chocolat. Rien à lui reprocher, elle a une présence, une voix, et son interprétation est de premier ordre. Ce qui fait qu'on reste un peu sur sa faim, c'est que les paradoxwes sont facilement réversibles et que ce qui marche dans un sens, fonctionnerait tout aussi bien dans l'autre. On peut regretter aussi quelques facilités, sur le F.N ou Martine Lehideux. Un petit toilettage n'aurait pas été inutile.

La pièce est courte mais semble en général bien reçue et les spectateurs ne boudent pas leur plaisir à l'écoute de ce texte qu'on leur donne à entendre. Parlons-en de ce texte : on y trouve des aphorismes définitifs comme :

•   Avoir un crédit chez le Cofidis des beaux gosses.

•   La vieillesse est une prison libératrice.

•   Les beaux sont devenus les Talibans modernes.

•   En Floride, on prête serment sur « Vogue ».

•   A la plage, les moches sont allongés à l'ombre, pour le rester. Ils se reproduisent entre eux et leurs enfants sont pires.

 

Concluons en disant que la petite salle est agréable, façon cabaret. On peut y boire un verre, paisiblement, en regardant le spectacle.

 

Gérard NOEL