LES CAPRICES DE MARIANNE

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
Tél: 01 43 28 36 36

Jusqu’au 11 décembre
du mardi au samedi à 20h00
dimanche à 16h00

 

Les Caprices de Marianne loupe 

Il faut parler du décor en premier lieu. Un décor dévorant qui boursoufle la scène et avale les portiques et les murs de ses bosses noires et infertiles : c’est le résultat d’une éruption volcanique. Nous sommes à Naples, le Vésuve en face, mais il y a du Pompéi dans cette scénographie, la vie figée.

Sur la droite un candélabre où brûle des dizaines de cierges… Dieu, la religion.

Au fond de scène des échos d’une musique électro dans une lumière rouge où danse frénétique un corps de femme : la fête, le carnaval, la débauche.

La lumière de service rend crûment compte de tous les détails et ôte la magie.

Partout disséminés les symboles parlent. C’est un langage visuel qu’utilise Frédéric Bélier-Garcia pour prélever dans le texte de Musset les sens cachés, ceux qui sont capables de parler notre époque.

Mais ce no man’s land vallonné, les personnages semblent ne pas l’apercevoir. Ils peinent à s’accaparer l’espace. Ils ne le prennent pas en compte, préfèrent jouer avec les chaises et les tables plutôt que voir l’état de ruine du monde qui les entoure.

La rumba des amours velléitaires, les trahisons fortuites et tout le romantisme de la pièce prennent des allures de procession funéraire. Le rythme des scènes et des répliques, lent, intercalé de silences mécaniques et de pauses a la vertu de rendre gloire au texte de Musset. On l’écoute, on le goûte, on le savoure. Mais on perd en vivacité, en vitalité, en jubilation.

Dans la distribution, David Migeot en Octave est un moteur brillant, il fait preuve d’une belle sensibilité, Sarah-Jane Sauvegrain crée une Marianne politique qui montre plus une volonté de liberté, un côté cartésien, qu’une sensualité troublante, Sébastien Eveno donne à son rôle de Coelio une pâleur, une fadeur, une atonie qui  font plus ressentir son ennui que sa passion.

Restent l’élégance de la pièce, le doux-amer de l’histoire et le constat de la désillusion d’une jeunesse sans but qui – peut-être – ressemble à celle d’aujourd‘hui ?

Bruno Fougniès

 

Les Caprices de Marianne

Texte d’Alfred de Musset
Mise en scène Frédéric Bélier-Garcia
Décor Jacques Gabel
Lumières Roberto Venturi
Costumes Catherine Leterrier
Musique Vincent Erdeven
Collaboration artistique Caroline Gonce
Création sonore Jean-Christophe Bellier
Coiffure Frédéric Souquet
Maquillages Catherine Nicolas

Avec :
Marie-Armelle Deguy / Laurence Roy en alternance, Sébastien Eveno, Denis Fouquereau, Jan Hammenecker, David Migeot, Yvette Poirier, Sarah-Jane Sauvegrain

Avec la participation de Lucie Collardeau  en alternance avec Daphné Achermann  et de Jean-Christophe Bellier, Olivier Blouineau,  Jean-Pierre Prudhomme.

 

Mis en ligne le 18 novembre 2016