LES BOTTES ROUGES

Compagnie Stéphane Gildas
16, rue de Tolbiac
75013  PARIS
Pour tout renseignement et dates sur Paris : http://compagniestephanegildas.blogspot.fr/ ou 01 45 83 08 28
Prochaine représentation : 25 avril à 20 h 30.

Spectacle programmé à Avignon 2012 (juillet et août à l'Alibi Théâtre)

Evelyne est une pute. Pas une call girl, ni une escort. Une pute. Elle le sait. Elle le dit. On le lui répète au quotidien. Sa vie se résume à recevoir chez elle des hommes qui jamais ne lui disent « je t'aime » mais dont la sommation récurrente claque au son d'un « plus vite, salope ! ».

Un soir, une femme, prénommée Brise, monte avec Evelyne. Encore jeune, intégralement vêtue de blanc, paire de bas virginaux, combinaison sans fioritures, culotte de « grand-mère », chaussures et coiffure de première communiante, elle va réveiller le passé et les démons qu'Évelyne a su, plus ou moins, dissimuler derrière les lourdes tentures qui habillent les murs de son appartement et occultent sa misère affective (« J'ai pas les moyens d'être une femme. J'ai déjà assez de mal à être une pute. »)

Dans un décor construit sur un principe d'attraction/répulsion (dominante de rouge chaud et de brun, de froufrous, de matelas moelleux, de fleurs, de chaussons de danse versus des accessoires destinés aux rituels sado masochistes, des sextoys et autres objets phalliques – lampe, revolver), vont s'affronter deux psychoses. Évelyne, danseuse étoile ratée, échouée dans un club de strip-tease puis sur le trottoir par obéissance à l'homme qui la berce depuis des années avec des sentiments en toc, n'aurait jamais dû ouvrir sa porte à Brise, la bien nommée, qui casse tout ce qu'elle approche, que ce soient des tasses à café ou la propre psyché d'Évelyne.

C'est à un véritable combat de forces pulsionnelles auquel on assiste, rythmé par le récit pathétique de la descente aux enfers d'Évelyne, large plaie béante rouge et noire qui se déplace sur la scène comme un lion dans une cage.

La mise en scène a su respecter une forme de bienséance en ne tombant pas dans un déballage vulgaire et arbitraire. Toutes les intentions scénographiques sont justifiées et illustrent au mieux le propos de l'auteure, certes complexe et tendancieux, surtout dans un pays comme la France où mettre en scène le sexe relève de l'héroïsme (ou de l'hérésie).

Les comédiennes sont parfaitement distribuées : Katia Fonberg offre au personnage d'Évelyne sa silhouette pulpeuse et une interprétation empreinte de sensualité puissante et d'animalité réunies. Carine Coulombel incarne une Brise dont la « garcitude » n'égale que son aptitude à faire preuve d'intelligence dans son processus manipulatoire.

Rira bien qui rira la dernière ?... Telle est prise qui croyait prendre… ? La plus forte, ici, n'est pas celle que l'on croit. Le mensonge, la schizophrénie de l'une, le narcissisme de l'autre, autant d'éléments qui donnent envie de connaître le dénouement de cette chronique d'une mise à mort annoncée.

Il est à noter que le principe fondamental qui régit le discours de l'auteure sera, bien entendu, appréhendé et assimilé en fonction du vécu, des projections et des fantasmes de chaque spectateur, et qu'une interprétation collective est à bannir.

Une pièce subversive et engagée qui risque de donner un énergique coup de fouet sur Avignon, l'été prochain…

 

Natalia FINTZEL-ROMANOVA

 

 

Les bottes rouges

Auteure : Véronique LINDENBERG

Interprètes : Carine COULOMBEL et Katia FONBERG

Metteur en scène : Stéphane GILDAS

 

Bande annonce "Les bottes rouges" de Oriane Loton sur Vimeo.