LE ROI SE MEURT

Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 Paris
01 42 80 01 81

Jusqu’au 3 Janvier 2015
Du mardi au samedi à 19h00

 

Le roi se meurt loupe

 

 

En lever de rideau, se servant de sa lance comme d’un brigadier, un garde annonce solennellement l’entrée en scène de la cour d’un royaume imaginaire. Arrive le roi Bérenger 1er, monarque vieillissant, fantoche, traînant comme une fatalité sa mort annoncée, suivent ensuite la reine Marguerite première femme du souverain, sorte de Marie Stuart, austère, la reine Marie la seconde épouse, une jolie plante frivole et pleurnicharde qui sera la seule à refuser l’irréversibilité des choses ; le médecin du roi, oiseau de mauvaise augure qui tire sa science des astres qu’il obverse à la lorgnette et Juliette, la femme de ménage du palais, l'infirmière, la jardinière, et la cuisinière et c’est ainsi que nous, spectateurs attentifs, nous sommes invités à fouler d’un pas timide et désorienté l’univers d’Eugène Ionesco.

Il faut voir une double lecture dans ce texte chamboulé, la fin proche du roi et de son règne et la fin d’un royaume où tout se fissure, où il n’a plus d’armée et où le sol devient mou mais le véritable thème reste celui de la mort inéducable pour tous, celle à laquelle personne ne peut échapper que l’on soit puissant ou gueux. Et pourtant ce roi sur sa fin refusera d’admettre la triste de vérité en contestant ce que le médecin lui dira, en essayant à plusieurs reprises de se relever sans jamais vraiment y parvenir, en se révoltant contre lui-même de n’avoir pas su se préparer à cette décrépitude. Puis viendront la colère, la peur et enfin la résignation. Et la fin où le roi dévêtu de tout habit royal, en chemise blanche où plus rien ne le distingue des autres va abandonner son autorité disparue et se laissera accompagner vers la mort par la reine Marguerite dans une sorte de rituel mortuaire.

L’affiche est bien entendu alléchante, Michel Bouquet 89 ans qui a déjà joué 800 fois cette pièce est indissociable de ce rôle, Juliette Carré son épouse dans la vie est touchante surtout à la fin lorsqu’elle soutient son mari visiblement épuisé par sa prestation avec un petit regret cependant sur le fait que sa voix soit difficilement audible après le cinquième rang et que nombre de ses répliques passent à la trappe. Le reste de la troupe est absolument parfait avec un coup de cœur pour Lisa Martino toute de charme et de justesse.

Il faut bien entendu adhérer totalement à ce genre théâtral dit de l’absurde dont Eugène Ionesco est le digne représentant pour apprécier pleinement le style cette pièce.

Patrick Rouet

 

Le roi se meurt

d’Eugène Ionesco
Mise en scène : Georges Werler.

Avec Michel Bouquet, Juliette Carré, Nathalie Bigorre, Pierre Forest, Lisa Martino, Sébastien Rognoni.

 

Mis en ligne le 18 décembre 2014

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