LE PLUS HEUREUX DES TROIS

Au Théâtre Hébertot,
78 bis Bd des Batignolles
75017 PARIS
01 43 87 23 23

Tous les jours sauf dimanche et lundi à 21h.
Dimanche à 16h. Samedi suppl à 17h30

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Mis en ligne le 19 septembre 2013

Le plus heureux des trois

Reprendre le vieux vaudeville de Labiche (et Edmond Gondinet, ne l'oublions pas) est une idée qui se défend : cette pièce, très drôle, abonde en gags divers et répliques chocs, tout en approfondissant des caractères. Et c'est en cela, bien sûr, que Labiche diffère de Feydeau : ici les personnages ne sont pas que des pantins agités de mouvements frénétiques, juste pour faire plaisir à l'auteur. Ils vivent. Ils ont des moments de cafard et s'autorisent, à l'occasion, des commentaires frappés au coin du bon sens.

L'histoire ? Banale. Le jeune Ernest courtise une femme mariée dont l'époux, ce brave Marjavel le considère comme son meilleur ami. Pire, l'oncle du jeune homme, un nommé Jobelin, a jadis fauté avec la première Mme Marjavel et visiblement, il traîne encore le souvenir de sa belle. Ajoutez à cela une oie blanche prénommée Berthe, qui voudrait bien, elle, épouser Ernest et un couple d'Alsaciens mal dégrossis, venus tout droit de leur province natale. Secouez bien, servez chaud et vous n'aurez qu'une pâle idée de ce que Gondinet et Labiche avaient concocté, pour le plus grand bonheur de leurs contemporains. La pièce fut créée en janvier 1870. Elle a, depuis, été reprise régulièrement et la version signée Didier Long n'est pas inférieure aux autres, loin de là.

Dans un décor habile (et transformable) nous assistons aux manœuvres d'Ernest et Hermance (Mme Marjavel) pour se retrouver et passer un moment, rien qu'un moment agréable ensemble. Beaucoup d'énergie et de peurs pour peu de choses, donc, ce qui fait dire à Ernest : « Ils ne sont pas tant à plaindre, les maris. Bien sûr, il y a le petit inconvénient, mais puisqu'ils l'ignorent ! (…) Nous les soignons, les dorlotons : Ils sont gras, roses, frais, superbes !...tandis que nous, les amoureux, nous sommes maigres, jaloux, craintifs, tremblants… »

Le plus heureux des trois, c'est donc le mari, joué avec bonheur par un Jean Benguigui qui ajoute à son personnage un peu de méchanceté, en plus de l'égoïsme dont il fait déjà preuve. Arthur Jugnot, bredouillant et amer est très convaincant. De même que Henri Courseaux qui s'est fait une tête de ganache tout à fait réjouissante. Constance Dollé, donne corps au rôle de l'épouse, partagée entre les convenances et cette relation adultère qu'elle essaie de vivre. Elle a des mimiques, des petits cris et une façon de bouger comme si elle dansait qui nous enchantent.

Dans un rôle à accent, Arnaud Gidoin est la révélation du spectacle : dès son entrée, à la recherche éperdue d'un « n'hanneton » qui se promène dans son pantalon, jusqu'à la fin où, berné lui aussi par sa femme, il lui pardonne tout de même, il est excellent.

Qu'ajouter de plus, sinon que les rires des spectateurs sont un gage du succès futur de la pièce. Et il sera mérité.

Gérard Noël

 

 

Le plus heureux des trois

D'Eugène Labiche et Edmond Gondinet
Mise en scène : Didier Long.

Avec :
Jean Benguigui, Constance Dollé, Henri Courseaux, Arthur Jugnot, Arnaud Gidoin,, Rachel Pignot, Roxanne Roux, Séverine Vincent.

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