LE MISANTHROPE

Ciné 13 Théâtre
1 avenue Junot
75018 - Paris
01 42 54 15 12

Jusqu’au 21 mai
du mercredi au samedi, en alternance 19h00 ou 21h00.
Les dimanches en alternance, 15h00 ou bien 18h00.


Le Misanthrope loupe 

Dès le début, sur une scène vide, deux fauteuils XVIIème nous attendent. Un personnage entre en scène, puis un autre, les costumes sont de maintenant mais les vers signés Molière. L’échange est vif et tout de suite, on y est : grâce au jeu nuancé et naturel des comédiens, à une mise en scène sans esbroufe, celle de André Oumansky, qui a joué lui-même (et en d’autres temps, la pièce). Que des trentenaires, ici mais il n’y a pas d’âge pour déplorer « …ce commerce honteux de semblant d’amitié » ou pour affirmer que « ce n’est pas la raison qui règle l’amour. »

Chez Molière, l’humour, la raillerie ne sont jamais loin : la lecture du sonnet d’Oronte, avec un Alceste qui se défile longuement… avant d’avouer ce qu’il pense vraiment du poème est jubilatoire. On est avec le misanthrope, quand on voit le comportement de Célimène, la jolie mondaine. Ses amants (on dirait ses « amoureux », en 2017) elle les ménage par intérêt ou pour éviter qu’ils ne lui nuisent. Les marquis sont très bien : de deux rôles épisodiques, les comédiens font quelque chose de vivant, de tranché, qui les campe dans la vie et non dans la caricature.

Et la pièce avance, avec pour nous spectateurs, le plaisir d’une redécouverte. Ils sont loin, les petits classiques sur lesquels les yeux s’usaient. Tout fonctionne : Célimène affronte Arsinoé (la prude). Alceste écoute la même Arsinoé lui dire qu’il suffirait d’un mot pour que… mais l’homme aux rubans verts, dans cette situation délicate, préfère éluder en faisant le modeste : « Madame, on loue aujourd’hui tout le monde… ». Peu à peu, le rapport s’inverse : on n’est plus à fond pour Alceste. Après tout, Célimène a aussi ses propres raisons. La grande scène entre ces amants impossibles n’a pas pris une ride : Alceste est hors de lui, fou de jalousie. Célimène lui pardonne ses soupçons !

Molière est un peu le spécialiste du « deus ex machina ». Ici c’est un « diabolus ex machina » qui mène la pièce à sa conclusion. Suite à un procès, notre homme doit quitter la ville. Ce qu’il fait, en quête d’un « endroit écarté, où d’être homme d’honneur, on ait la liberté ! » Les comédiens, tous très justes, sont bien dirigés. Une réussite.

Gérard Noël

 

Le Misanthrope

De Molière.
Mise en scène : André Oumansky.

Avec : Nicolas Natkin, Florian Pâque, Maxime Gleizes, Justine Thibaudat, Cornélie Havas, Lola Felouzis, Anto Mela, François Bérard, Victor O’Byrne, Marc Derville.

Création lumières : Yohann Marionnet.
Scénographe : Bruno Contensou.
Costumes : Laura Lemmetti, Marguerite Duval.

 

Mis en ligne le 27 mars 2017