LE MAÎTRE ET MARGUERITE

Au théâtre la Tempête, la Cartoucherie
route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 10 juin 2018, du mardi au samedi 20h.
Dimanche 16h.

et au festival Off d'Avignon du 6 au 27 juillet à 19h40 au 11 • Gilgamesh Belleville,

 

Le Maître et Marguerite loupe 

Du roman touffu que Mikhaïl Boulgakov, écrivit (entre 1928 et 1940) une adaptation a été faite, le simplifiant quelque peu. On retrouve tout de même ce subtil jeu de construction avec plusieurs intrigues : un homme, dit "la maître" écrit un roman ayant pour thème Ponce-Pilate. Ce roman est violemment pris a parti par des critiques. Déséspéré, le Maître brûle son œuvre. Un nommé Woland (nouvelle incarnation du diable ?) intervient alors : il punit un critique, redonne vie au manuscrit et réunit le Maître et Marguerite, sa bien-aimée, dans un "refuge idyllique".

Au-delà de la référence au "Faust" de Goethe, l'œuvre est complexe : elle emprunte à différents niveaux de compréhension, avec des styles tour à tour bouffons, poétiques, philosophiques.

Tout commence dans un hôpital psychiatrique : un malade, Yvan, s'interroge sur la vie, et le malade de la chambre 118 qui vient de mourir. Un long flash-back, nous permet alors de renouer les fils de cette histoire baroque. On y croisera un chat surprenant, des morts bizarres, un spécialiste de magie noire, des globes terrestres, un bal sous-marin. On ne s'ennuiera pas.

Malgré les coupes, l'œuvre reste dense et ce spectacle nous parle tant au plan symbolique que spirituel
« — Oui, nous sommes athées, mais, chez nous, ce n'est pas un pêché.
— Mais si Dieu n'existe pas, qui dirige le monde ?
— L'homme lui-même. »

La mise en scène et c'est peu de le dire, est au diapason : inspirée, flamboyante, prenant son temps quand il faut et accélérant au besoin. Il y aura des scènes intimes, des dialogues traduits du grec ou de l'hébreu. Du spectaculaire également, car ce théâtre, que propose Igor Mendjisky (également comédien et responsable de l'adaptation) est riche. Il allie imagination et rigueur, en analogie avec l'œuvre de Boulgakov. Les projections, qui sont souvent preuve de facilité, s'intègrent ici très bien dans le dispositif.

Côté jeu, Marc Arnaud est un Maître tout en sobriété et autorité. Pierre Hessler est énergique et convaincu. Belle prestation d'Alexandre Soulié, comédien et chanteur. Esther Van den Driessche et Marion Déjardin se partagent le rôle de Marguerite. Une mention spéciale au meneur de jeu... l'intriguant Woland, toujours tiré à quatre épingles et campé avec malice et élégance par Romain Cottard. Un spectacle à voir, à l'évidence.

Gérard Noël

 

Le Maître et Marguerite

de Mikhaïl Boulgakhov. Adaptation et mise en scène : Igor Mendjisky.

Avec : Marc Arnaud, en alternance avec Adrien Melin, Romain Cottard, Pierre Hessler, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Esther Van den Driessche, en alternance avec Marion Déjardin, Yuriy Zavalnyouk

Scénographie : Claire Massard etIgor Mendjisky.
Stagiaire scénographe : Alice Gautier
Lumières : Sophie Deschamps
Son et vidéo : Yannick Donet
Costumes : Sandrine Gimenez et May Katrem
Construction du décor : Jean-Luc Malavasi
Assistant mise en scène : Arthur Guillot
Traduction du grec ancien : Déborah Bucci
Traduction de l'hébreu : Zohar Wexler
Régie : Laurent Cupif, Michaël Bennoun, Arnaud Delaumeni

 

Mis en ligne le 23 mai 2018

Actualisé le 1er juillet 2018