LE CHOIX DE GABRIELLE

Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris

Jusqu’au 20 février
les mercredis à 21h

Le Choix de Gabrielle loupe 

Comme indiqué dans le dossier de presse, ce seront dix représentations égrenées chaque mercredi jusqu’au mois de février avant que la pièce n’aille s’installer à Avignon en juillet prochain.

Un exercice délicat que de traiter du choix de fin de vie. Un sujet qui touche à l’intime, aux convictions de chacun, aux croyances personnelles et plus généralement à la conscience. Dans Le Choix de Gabrielle, l’autrice et metteur en scène Danielle Matthieu-Bouillon pose la problématique sur le plateau à travers la rencontre de deux femmes, une relation qui se noue et un secret lourd à porter que l’histoire finit par dévoiler.

La première, Laure, interprétée avec une simplicité attachante par Bérengère Dautun, est une veuve solitaire, ancienne infirmière, dont la vie se résume maintenant à un constant dialogue mental avec son époux décédé. C’est lors d’une de ses coutumières visites au cimetière qu’elle se fait aborder par une femme plus jeune, Léa, qu’incarne Sylvia Roux : ethnologue, voyageuse, spécialisée dans les rites funéraires, assez nerveuse, celle-ci engage le dialogue avec la première sous prétexte de l’écriture d’un mémoire. On verra plus tard que les deux femmes ne sont pas totalement inconnues l’une de l’autre et que cette rencontre n’est en fait pas du tout fortuite.

Mais inutile de dévoiler ici l’intrigue assez basique de cette rencontre. On se doute vite que le hasard n’a rien à voir dans cette amitié qui commence et le mystère se dévoile comme un coup de théâtre après que de nombreux indices aient été semés ça et là. La trame ne fait que servir le questionnement où plongent les proches de ceux qui, en fin de vie, demandent à être aidé à pour finir avec la souffrance. Et c’est autour du tabou de l’aide que des gens de médecine apportent à ceux qui supplient pour qu’ils abrègent leur vie, que la pièce s’intéresse particulièrement.

Un sujet qui dérange, confidentiel qui impose cas de conscience et cas de justice, au point qu’en France, ceux qui le peuvent décident de finir leurs existences en Suisse, plutôt que de subir l’affreuse déchéance des maladies incurables et l’acharnement thérapeutique en vogue ici.

Une mise en scène totalement sobre, plateau nu et quelques accessoires, une construction en trois temps / trois rencontres assez classique, une attention particulière à la sensibilité des personnages donnent toutes leurs importances au texte et aux échanges entre les deux femmes. Grâce aux dialogues assez vif, la pièce parvient à rester avec tact dans la légèreté, l’instantané, le fugace. C’est une manière d’effleurer les choses qui reste parfois en surface du drame de ces situations mais qui a le mérite de ne pas sombrer dans le pathétique.

Bruno Fougniès

 

Le Choix de Gabrielle

Texte et mise en scène Danielle Matthieu-Bouillon
Assistante mise en scène : Marie Sauvanex
Lumières : Robin Laporte
Son : Michel Winogradoff
Costumes : Mine Verges

Avec Bérengère Dautun, Sylvia Roux

 

Mis en ligne le 16 décembre 2018