LA PROMESSE DE L'AUBE

Théâtre du "Petit Saint-Martin"
17 rue René Boulanger
75010 Paris
Jusqu'au 28 Avril 2012
Du mardi au samedi 20h45. Samedi 16h
Réservations:01.42.02.32.82
En tournée : www.theatredelinvisible.com

C'était un pari audacieux que d'adapter au théâtre "La promesse de l'aube", le magnifique et émouvant récit de Romain Gary, mêlant autobiographie et fiction, dans le but principal de rendre hommage à sa mère, une ancienne comédienne russe qui l'éleva seule, en lui sacrifiant tout, en l'entourant d'un amour passionné et presque étouffant, typiquement ashkenaze, et lui insufflant force et ambition pour en faire "ein Mensh", un homme, un vrai, un gentleman. Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco signent ici une adaptation fidèle, avec humour et sensibilité, ainsi qu'une mise en scène originale.

Dans son ouvrage paru en 1960, Romain Kacew, alias Romain Gary, retrace son enfance pauvre en Lituanie, en Russie, puis sa venue en France "terre promise", où sa mère s'installa à Nice et parvint à avoir les moyens des ambitions qu'elle avait pour son fils, et enfin sa carrière d'aviateur glorieux. Nous comprenons que cette "Promesse de l'aube" est celle qu'il a faite au chevet de sa mère de devenir un grand homme, et il le deviendra, car il sera aussi diplomate et écrivain reconnu, couronné deux fois par le Goncourt.

Bruno Abraham-Kremer, directeur, fondateur du "Théâtre de l'invisible", comédien et metteur en scène à la carrière constante et de qualité, habitué des "seul en scène", (Mr Ibrahim, l'Amérique/Molière 2006, "La vie sinon rien"), réussit ici la performance de nous tenir en haleine pendant 1h45, nous entraînant dans l'histoire d'amour et de vie de celui qu'il considère de par ses origines, comme "son frère d'arme". Il se coule avec brio d'un personnage à l'autre, reproduisant les accents, occupant la scène avec agilité. Il n'est pas Romain Gary, mais il s'en fait le respectueux messager, nous faisant passer du rire à l'émotion en nous transmettant un formidable message d'espoir.

Le décor imaginé par Philippe Marioge, scénographe chevronné, diplômé d'architecture, est étonnant, se composant au centre d'un tabouret de cirque, symbolisant à mon sens, le barnum de la vie, ainsi que de grandes enceintes acoustiques disséminées en demi-cercle, que le comédien escalade, tels les obstacles à franchir dans l'existence. Cette ambiance surréaliste est complétée par les effets de lumière de Gaëlle de Malglaive, formée par Jacques Rouveyrollis, ainsi que par les réalisations sonores de Mehdi Ahoudig et du clarinettiste Ghislain Hervet, où se succèdent, bruits de la mer, musique Klezmer ou américaine d'avant-guerre, ambiance sonore de combats aériens...

En conclusion, je dirai qu'il s'agit là d'un spectacle de grande qualité, à ne surtout pas manquer.

 

Tanya Drouginska

 

 

La promesse de l'aube

de Romain Gary

Avec Bruno Abraham-Kremer
Adaptation et mise en scène Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco
Scénographie: Philippe Marioge.Lumière: Gaëlle de Malglaive
Ambiance sonore: Mehdi Ahoudig et Ghislain Hervet