LA POUDRE AUX YEUX

Théâtre Traversière
15, rue Traversière
75012 Paris

01 45 85 71 27

Jusqu'au 23 novembre 2014
Les mercredis, jeudis et vendredis à 20h30 
samedis à 15h et 20h30, dimanches à 15h.

 

 

Deux familles de petits bourgeois, les Malingear, parents d'Emmeline, et les Ratinois, parents de Frédéric, souhaitent marier leurs enfants respectifs. Ces derniers, éprouvant une indéniable attirance l'un pour l'autre, ne demandent pas mieux. Le problème, c'est que les mères, désireuses d'afficher un train de vie supérieur à ce qu'il n'est en réalité, se jettent mutuellement de la poudre aux yeux en se lançant dans une surenchère de luxe à coup de loges à l'opéra, de toilettes éblouissantes, de domestiques fictifs, entraînant leurs maris plus ou moins consentants dans une spirale qui manque de peu de faire échouer le mariage. L'intervention d'un neveu doté de cœur et de bon sens fera heureusement éclater la vérité, au grand soulagement de tous.

Tel est le thème de La Poudre aux Yeux.

Dans ce vaudeville de 1861, Eugène Labiche, auteur prolifique d'une bonne centaine de pièces – dont beaucoup en collaboration – n'en est pas à son coup d'essai.

Dès sa première comédie, La Cuvette d'eau, en 1837, il se fait remarquer par ses qualités de caricaturiste puis, tout au long de son œuvre, s'amuse à gentiment railler les travers de la bourgeoisie dont il est lui-même issu.

La poudre aux yeux, comme toutes les comédies du Second Empire, n'avait pas d'autre prétention que de divertir un public, très demandeur à une époque où n'existait ni le cinéma ni la télévision.

Ce qui est merveilleux, c'est qu'elle divertit encore aujourd'hui lorsque, comme c'est le cas en ce moment au Théâtre Traversière, elle est jouée par une troupe pleine d'entrain dirigée par un metteur en scène, Arnaud Bruyère, qui a eu la riche idée d'introduire quelques petits couplets chantés en musique, seule petite entorse au texte original, confie-t-il, et qui se justifie d'ailleurs sans peine quand on sait que Labiche, « précurseur de l'opérette et de la comédie musicale », a souvent parsemé ses pièces de petits intermèdes musicaux.

La Poudre aux Yeux faisant exception, ajouter ces charmants couplets, loin de faire du tort à la pièce, ne l'en rend que plus séduisante.

Les comédiens sont donc polyvalents. Ils jouent, ce qui est la moindre des choses, bien, et même très bien – voix, gestes, mimiques, suffisamment appuyés pour être « parlants » mais jamais exagérément forcés pour ne pas sembler trop caricaturaux et ridicules – chantent (très jolie voix de Marion Margyl) en esquissant une légère chorégraphie et, pour certains, jouent d'un instrument.

Ainsi, lorsque Frédéric Ratinois vient faire de la musique avec la jeune Emmeline Malingear, il entre avec son violon, mais celui-ci n'est pas qu'un simple accessoire emblématique, le comédien, Stéphane Chevobbe, maniant l'archet pour notre grand plaisir.

De même Michel Olivier Dury, l'oncle Robert, ne se contente pas d'être marchand de bois, il assure aussi l'accompagnement musical au piano. On lui doit également la composition des paroles et des musiques des charmants petits couplets chantés.

Tous les comédiens sont justes. Les deux couples de bourgeois sont parfaitement campés. Évelyne Borde est une Madame Malingear jouant à merveille les grandes dames, Marion Margyl, avec son visage mobile et son sourire chaleureux, une Madame Ratinois plus débonnaire, Walter Hotton et Michel Mora, deux maris « soucieux de leur dignité extérieure et assujettis à leur tendre moitié », pour reprendre les mots d'Arnaud Bruyère. Olivier Boutboul, en cuisinière mal dégrossie, en tapissier opportuniste ou, surtout, en maître d'hôtel compassé, est d'une drôlerie absolue et Alexandra Furon, une Emmeline Malingear ingénue à souhait.

Si Eugène Labiche, en dépit de ses succès, se désolait de n'être qu'un auteur de vaudeville, genre peu considéré des gens de lettres, et aspirait à quelque chose de plus noble, le public, lui, semble ravi, si l'on en juge par les nombreux éclats de rire.

Elishéva Zonabend

 

La poudre aux yeux

D'Eugène Labiche
Par La Comédie Dramatique l'Équipe
Mise en scène : Arnaud Bruyère
Décors (conception) : Michel Crayssac
Décors (réalisation) : Jean-Michel Carrière
Réalisation coiffure : Didier Mêlé
Costumes : Sarah Dupont
Musique : Michel Olivier Dury

Avec :   Michel Mora, Olivier Boutboul, Natacha Bordaz ou Tania Oudinet, Evelyne Borde, Alexandra Furon, Stéphane Chevobbe, Walter Hotton, Marion Margyl, Michel-Olivier Dury  

 

Mis en ligne le 28 octobre 2014

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