LA JEUNE FILLE ET LA MORT

La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018 Paris
01.42.33.42.03

Jusqu’au 19 Mars 2017
Du mercredi au samedi 21h00
le dimanche à 17h00.

 

La Jeune Fille et la mort loupe 

Au Chili dans une maison isolée en bord de mer, quinze ans après la terrible dictature instaurée par Augusto Pinochet. Paulina Escobar, nerveuse, attend son mari, un brillant avocat, nommé responsable par la nouvelle démocratie, d’une commission d'enquête sur les crimes passés. L’orage gronde, la bise fait onduler les rideaux, la lumière est faible, l’atmosphère pesante. Elle a été arrêtée, torturée et violée par la police secrète durant l’ancien régime. Encore très traumatisée, elle prend un révolver et se tapit dans l’ombre.  

Elle croit reconnaître dans la voix du docteur Miranda qui a dépanné son mari d’une crevaison, son ancien bourreau. Décidée à le confondre et à se venger, elle le kidnappe et décide de mettre en scène son procès en convaincant son mari de jouer bien malgré lui, l’avocat de la défense. S’en suit un huis clos oppressant, intimiste où le docteur joue la carte du déni où Paulina marche dangereusement entre folie et raison et où Gérardo dévoile un sentiment ambigu qui navigue entre le bien et le mal.

Une pièce forte, brillante, écrite en 1991 par Ariel Dorfman qui montre la faiblesse humaine quand la victime devient à son tour le bourreau. Les trois comédiens sans jamais tomber dans l’excès dramatique de la situation sont excellents. France Renard est une Paulina, blessée, fragile, émouvante qui traîne avec charme son parfum de vengeance en orchestrant avec brio et un talent incontestable ce suspense psychologique. Philippe Pierrard, le tortionnaire, est criant de vérité dans ce rôle qui n’est pas facile à tenir quant à Luc Baboulène, le mari, il a la justesse bien dosée d’un avocat promis à un grand avenir politique. Une mise en scène sans faute, rythmée ne laissant aucun répit au public, un décor sobre mais très bien pensé, la jeune fille et la mort, titre du quatuor à cordes de Schubert, qui revient sans cesse comme un tourment ineffaçable plus un final qui laisse au spectateur le soin d’imaginer la sentence de ce procès guidé par une soif de vérité, donnent un moment de théâtre particulièrement fort à ne pas manquer. 

Patrick Rouet

 

La Jeune Fille et la mort

 

Auteur : Ariel Dorfman.

Mise en scène : Massimiliano Verdi.

Avec : Luc Baloulène, Philippe Pierrard, France Renard.

Lumière : Philippe Piazza et Philippe Legendre.

 

Mis en ligne le 2 mars 2017