LA GRANDE NOUVELLE

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Tél: 01 43 28 36 36

Jusqu'au 12 octobre
Du mardi au samedi à 20h00
Dimanche 16h00

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Mis en ligne le 15 septembre 2014

La grande nouvelle

Vivre jusqu'à 1000 ans, la quasi immortalité, « la mort de la mort », la voilà la Grande Nouvelle.

Imaginant ce que serait un malade imaginaire de nos jours, Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien qui assure également la mise en scène, ont écrit un texte souvent truculent qui mêle tout à la fois scatologie, trivialité, interrogations métaphysiques, gags nombreux, mots d'auteur, et qui n'hésite pas parfois à utiliser les codes du vaudeville.

Du malade imaginaire de Molière, ils n'ont conservé que le nom d'Argan, l'hypocondrie du personnage principal et une scène, celle du « poumon » transformé ici en prostate.

Avec une action transposée de nos jours, dans un décor très futuriste, les auteurs se moquent de la toute puissance des laboratoires pharmaceutiques et des financiers, de l'omniprésence d'Internet et de la technologie, ajoutent un transsexuel, une jeune fille rebelle qui rêve de devenir comédienne, un metteur en scène de films pornos, un homéopathe à tendance homosexuelle, un coach, dans un joyeux et désordonné fourre-tout qui amène le spectateur au bord de l'indigestion.

L'affiche est belle et l'équipe solide. On retrouve Jean Haas assisté de Erwan Creff au décor, superbe, comme toujours remarquable, Pascal Sautelet assisté de Maelle Payonne aux lumières, Olivier Roset assisté de Michael Bennoun à la vidéo, Stéphanie Gibert à la musique, Cidalia Da Costa assistée de Anne Yarmola aux costumes, Dom Paulin au chant, Maimouna Coulibaly au mouvement, Bertrand Dorcé aux maquillages à l'écran, Clément Poirée à la collaboration artistique et Martine Belloc à la direction technique. Tous réalisent un travail irréprochable.

L'interprétation paraît un peu déséquilibrée même si l'ensemble ne démérite pas, car trois comédiens sortent du lot, écrasant du coup un peu  leurs partenaires. Patrick Paroux, toujours d'une incroyable justesse, est un délicieux Monsieur Argan qui aurait pu être ridicule et agaçant et qu'il parvient à rendre touchant et attachant. Pierre Lefevbre campe un personnage ambigu qui devient vite le maître d'œuvre de l'histoire, le deus ex machina d'une machinerie qui s'emballe et dérape. Ce garçon a une présence extraordinaire et attire véritablement la lumière. Enfin la jeune Lison Pennec est tout à fait bluffante, interprétant une adolescente insupportable avec une grâce surprenante et une incroyable énergie.

Mais j'ai retrouvé ce qui m'avait déjà gênée dans l'École des femmes du même Philippe Adrien, homme certainement d'une nature généreuse et à l'imagination féconde, et qui à mes yeux pèche souvent par excès, comme s'il était incapable de modérer ses passions. Ça part dans tous les sens, ça manque de cohérence, ça accumule les gags pas vraiment indispensables, électricité bizarrement défaillante, toilettes bouchées un jour de diarrhée (bonjour l'élégance !) à grands renforts d'effets techniques, fumées, musiques électroniques et vidéos dont on pourrait faire l'économie et qui donnent le tournis, bloquant les émotions. Au bout d'un moment l'esprit décroche et l'ennui gagne.

Au final voilà un spectacle qui ne manque pas de qualités mais qui gagnerait me semble-t-il à être resserré, allégé et ramené à 1h30.

Nicole Bourbon

 

La grande nouvelle

d'après Le Malade imaginaire de Molière 
de Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien
mise en scène Philippe Adrien

avec :
Patrick Paroux – Argan
Lison Pennec – Angèle, fille d'Argan
Nathalie Mann – Aline, deuxième femme d'Argan
Jean Charles Delaume – Psy, coach d'Aline et Thomas Dupont
Jean-Marie Galey – Marc, frère d'Argan et Dupont de la Roche
Arno Chevrier – Charly, amant d'Angèle
Pierre Lefebvre – Antoine, ami de Charly

et à l'écran :
Dominique Boissel
Nadège Gbouhouri
Dominic Gould
Yilin Yang
et l'aimable participation de Maxime Lefrançois

collaboration artistique Clément Poirée
décor Jean Haas assisté d'Erwan Creff
lumières Pascal Sautelet
assisté de Maëlle Payonne
vidéo Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun
musique et son Stéphanie Gibert
assitée de Farid Laroussi
chant Dom Paulin
costumes Cidalia Da Costa
assistée d'Anne Yarmola
maquillages Pauline Bry
maquillages à l'écran Bertrand Dorcé
mouvement Maïmouna Coulibaly
construction Ateliers Jipanco
masque Noï Karunayadhaj
direction technique Martine Belloc
habillage Émilie Lechevalier et Françoise Ody
enfants à l'écran Noé Diaw, Mati Galey,
Mélissa et Thomas Lavergne,
et la classe maternelle de la Maison des enfants de la Cartoucherie