L’INCROYABLE MATIN ET JOUR

Théâtre Ouvert
Cité Veron
75018 Paris
01 42 55 55 50

Jusqu’au 10 octobre,
les mardis et mercredis à 19h,
les jeudis et vendredis à 20h,
samedis à 16h et 20h

L’incroyable matin et jour loupe© Christophe Raynaud de Lage

Ce sont des personnages jeunes qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs sens, mais qui se laissent diriger par des foules de minuscules inquiétudes obsessionnelles. Leurs esprits s’agitent, comme les mandibules et les pattes de certains insectes bougent sans cesse et sans aucune utilité. On croirait qu’ils passent leur temps à mâcher des idées, les recracher, les reprendre en bouche, les mâchouiller à nouveau sans que rien de nutritif ne suinte de cette mastication cérébrale.

Les deux pièces de Nicolas Doutey sont un peu des Brèves de Comptoir au pays des mantes religieuses et des phasmes. Dans cette écriture qui se réclame du langage ordinaire, un humour potache se bat pour émerger d’une foison d’images faussement maladroites qui finissent par ressembler à des gargarismes verbaux, verbeux ce qui allonge les répliques dans des sortes d’accumulations un peu dérisoires. Mais le but de ces histoires n’est pas de résoudre quoi que ce soit. Juste exposer une vision des choses et des êtres et traquer l’instant, le présent.

Un présent qui est résumé à trois impératifs, trois thèmes, qui sont aussi l’objet des discussions et des tourments des personnages : Qu’est-ce que je fais là ? Qu’est-ce que je ne fais pas ailleurs ? J’ai faim.

Voilà les préoccupations de l’humanité lessivées à grande eau, à voir ces créatures uniquement capables de ces raisonnements mécaniques.

Le décor, très léché, suit à la perfection les impératifs de la première pièce « L’incroyable matin » qui se déroule à l’intérieur d’une maison et traite de l’inconfort spatial. Mais la deuxième pièce, sensée se dérouler sur une île nordique entourée de falaises mais qui se joue dans ce même décor, paraît presque un exercice de répétition : un work in progress ?

Il y a dans ces deux pièces une belle démonstration de discours du théâtre sur le théâtre. Cela fait penser aux années 70 qui s’interrogeaient sur l’Acte, le Présent, le Mot, le Verbe…

Heureusement, sur tout ce spectacle, souffle un air d’absurde qui donne à ce grand sur-place la légèreté nécessaire.

Bruno Fougniès

 

L’incroyable matin et jour

Texte de Nicolas Doutey
Mise en scène Rodolphe Congé
Collaboration artistique Pierre-Félix Gravière
Scénographie Laura Bazalgette
Son Johnny Hostile
Lumières Eric da Graça

Avec Pauline Belle, Rodolphe Congé, Laëtitia Spigarelli, Gaëtan Vourc’h

 

Mis en ligne le 25 septembre 2015

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