JACQUES ET MYLÈNE

Maison des métallos
94 Rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
01 48 05 88 27

Jusqu’au 9 juillet 2016
du mardi au samedi à 19h00

 

Jacques et Mylène loupe 

La Compagnie de théâtre de rue « 26000 couverts » s’est repliée pour cette fois dans une salle, celle des « Métallos ». Elle y joue un texte de Gabor Rassov, qui date de 1999. Mais le texte ne fait pas son âge, d’autant qu’il se place, d’emblée, dans le sillage prometteur de Feydeau et de tous ces auteurs qui firent les beaux soirs des amateurs de vaudevilles.

Comme la distribution se réduit à un comédien et une comédienne, ils usent de poupées Barbie pour dialoguer. Chaque poupée évoquant, à l’identique, le personnage qui la tient et la fait parler : car il y a du monde, sur scène : Mylène et Jacques, le jeune couple, mais aussi l’oncle André (sans oublier son méchant frère jumeau) et Maud, la mère de Mylène, et Étienne…

Deux portes (dont une de placard) et un divan, on ne fait pas plus simple. Ni plus efficace, tant les entrées et sorties des personnages (réglées au millimètre) réservent de surprises. On croit que c’est l’un… et c’est un autre. Ou le même qui revient. Et on se cache dans le placard (évidemment) et quelqu’un sonne à la porte. Si le début, gentiment loufoque évoque Ionesco, la suite est irracontable : il y a du Cami, pour l’absurde, ou un côté Marx Brothers si l’on veut à tout prix risquer des comparaisons. Mais, comme disait ma grand-mère, « Comparaison n’est pas raison » : il faut donc voir, sur scène, ces deux comédiens à l’œuvre. Philippe Nicolle se renouvelle finement en passant sans heurt d’un personnage masculin à l’autre. Il est naïf ou bonhomme, inquiétant s’il faut. C’est un vrai récital. Et un régal. Ingrid Strelkoff est attendrissante en Mylène, ou crispante dans le rôle de sa mère. Elle joue du premier et du second degré avec brio.

On ne peut résumer la pièce : révéler trop les péripéties serait gâcher le plaisir des spectateurs. Qu’il suffise de dire que Gabor Rassov est un auteur brillant, bien servi ici par une mise en scène pleines d’idées et de ressources.

Vaudeville contemporain ? Pastiche, hommage ? En tout cas, le modèle est sublimé par l’humour, qu’il soit noir ou pas, par cette façon de tordre le cou aux clichés… pour mieux, ensuite, retomber sur ses pattes.

En clair, un spectacle fortement recommandé.

Gérard Noël

 

Jacques et Mylène

Texte : Gabor Rassov.

Création et interprétation : Ingrid Strelkoff, Philippe Nicolle.

Mise en scène : Benoît Lambert.

 

Mis en ligne le 7 juillet 2016