FUCKING HAPPY END

Théâtre Les Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
01 42 36 00 50

Jusqu’au 29 avril 2017
Jeudi,  Vendredi et  Samedi à 21h30

 

Fucking Happy End loupe Crédit Photo : © Frédérique Toulet

Cabaret insurgé, sous-titre du spectacle, raconte l’esprit délirant qui traverse cette adaptation teintée de psychanalyse des canevas racontées par Perrault.

Les contes de princes et de princesses, Perrault et ses histoires sont comme une vrille au cœur de l’éducation occidentale, une force invisible, inconsciente qui enveloppe la moitié des divertissements d’enfance. Voilà la matière dont Sarah Fuentes s’inspire pour l’adapter dans une veine totalement contemporaine, pleine de dérision, de distance et finalement d’un réalisme qui sacrifie le mythe pour la lucidité.

Dans une mise en scène et une scénographie très élaborée, avec costumes et masques d’une belle créativité, représentant la poésie de ces contes où le magique côtoie sans cesse le réel, les personnages principaux de Peau d’âne content l’histoire originale.

Mais ici, tout est volontairement décalé, et l’on suit plutôt les didascalies inexistantes que la trame de l’histoire originelle. LA trame de Peau d’Âne soudain traversée de toutes part non seulement par les princesses des autres contes mais aussi par des allusions directes à l’actualité contemporaine. Le but affiché de Sara Fuentes étant de créer sur scène grâce à l’esprit de cabaret qui se moque des vraisemblances et de la modération et préfère le mouvement, le jeu et la harangue pour exprimer rage, humour et dérision.

Dans un esprit de théâtre de tréteaux, le spectacle ironise alors sur tous ces personnages cultes, car c’est le rire qui veut être maître ici.

Pourtant, le trash, le véritablement provocateur qui pourtant est promis dans ce cabaret se borne au joli. Même si les interprètes tentent d’instiller une démesure clownesque. Des comédiens qui empoignent leurs scènes avec énormément de talent : drôles, touchants, explosifs, sensuels.

On sent un débordement de parole, de vouloir dire, montrer, tout, au point que le fil directeur du spectacle se perd par défaut d’être resserré et des longueurs finissent par dévaloriser les surprises visuelles et les effets. Resserré et ébarbé des surplus de scènes non vitales, le spectacle serait un otni intéressant, une analyse déjantée et une lecture définitivement analytique de ces mythes modernes avec tout le côté ludique d’un spectacle où les performances des acteurs sont sans conteste : changeant de rôles, de costumes et de jeu à toute allure.

Une mention particulière au jeu extrêmement convaincant et riche de Maud Imbert.

Bruno Fougniès

 

Fucking Happy End loupe Crédit Photo : © Frédérique Toulet

Fucking Happy End

Texte : Sarah Fuentes
Mise en scène : Sarah Fuentes  Jan Oliver Schroeder
Musique : Pili Loop
Décors : Carolina Spielmann  Renée Guirao
Costumes : Sho Konishi

Avec : Ludovic Chasseuil,  Maud Imbert,  Sarah Fuentes, Jan Oliver Schroeder

 

Mis en ligne le 14 avril 2017