FRANGINS

Le Lucernaire 
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris.
 tél. : 01 45 44 57 34

Jusqu’au 11 octobre 2015
du mardi au samedi à 19h00, les dimanches à 15h00

loupePhoto Benoît Fortrye

Comme le titre l’indique, c’est l’histoire de trois frères. Trois frères séparés par l’existence depuis vingt-sept années qui se retrouvent ce soir-là dans la maison familiale au chevet de la mère, mourante.

Ils ont eu trois destins disparates aux réussites inégales. L’un est devenu écrivain de polars (Jean-Paul Wenzel), un autre fait des allers-retours réguliers entre la liberté et la prison (Jean-Pierre Léonardini), le plus jeune est maintenant prestidigitateur (Philippe Duquesne). Trois hommes que la vie n’a pas vraiment ménagés. Ce ne sont pas des victimes mais leurs rêves sont pas mal ébréchés.

Durant ces retrouvailles, les souvenirs, les nostalgies, les anciennes chamailleries, les inéluctables désaccords et les nostalgies d’amour vont resurgir.

Les vieilles blessures aussi, celles reçues dans l’enfance dont on ne guérit pas, comme ce père qui disparaît un jour sans laisser de trace, sans même donner la clef des origines.

Le ton de tout le spectacle oscille sans cesse entre les émotions : que ce soit la colère, la gêne, les rires, les arrogances et les bouffées de sentiments. D’autant que surgissent au milieu de cette fratrie deux femmes : l’une (Hélène Hudovernik ) est la compagne du plus jeune, le magicien, l’autre (Viviane Théophilidès) est l’amour de jeunesse des trois garçons. De cette confrontation le côté masculin de cet univers sort renforcé : tous les rites de séduction et les rivalités se mettent en place comme si rien n’avait jamais cessé.

Il y a dans ces trois personnages une absence revigorante de satiété. Ils ne sont plus jeunes mais ils ont gardé un appétit de vivre digne de la plus belle jeunesse. Vivre, aimer, boire, rire, projeter des voyages… Jean-Paul Wenzel nous offre avec ce texte une vision enthousiaste de l’existence où le temps ne parvient pas à user les rêves ni les envies.

Pourtant, sur un plan plus profond, ses personnages portent aussi en eux l’annonce d’une fin : aucun d’eux ne semble avoir pu créer une vraie famille, comme si les blessures de leur enfance et l’abandon du père les avaient inconsciemment défertilisés. Un peu sucré, un peu acide, un peu brutal, un peu innocent.

De l’autre côté du mur, la mère agonise.

Les cinq interprètes de ce drame moitié réaliste moitié symbolique apportent la chair nécessaire à l’histoire. La chair et surtout la force de leurs personnalités (les rôles ont été écrits sur mesure). Le vécu que chacun se glisse dans les poches des personnages. Ils ont les gueules et les voix comme sortis d’un polar, d’un fait divers ou de la maison d’en face. Ils plantent les mots et les silences de ces retrouvailles dans un concret sans fard mais drôle et émouvant. D’ailleurs ce ne sont pas des enfants de chœur, ni les uns ni les autres, et c’est aussi cette distribution qui va donner toute la saveur et toute la vérité à ce spectacle : au fil des représentations, le rythme et le plaisir de jouer ensemble va sans aucun doute faire de cette pièce un très beau moment de théâtre.

Bruno Fougniès

 

Frangins

Texte de Jean-Paul Wenzel
Mise en scène Lou Wenzel et Jean-Paul Wenzel
Musique et sons Philippe Tivillier
Lumières Thomas Cottereau
Costumes Cissou Winling
Régie plateau Frédéric Kunze
Construction décor Nicolas Nore

Avec
Philippe Duquesne, Jean-Pierre Léonardini, Hélène Hudovernik, Viviane Théophilidès et Jean-Paul Wenzel

 

Mis en ligne le 29 août 2015

Merci de cliquer sur J’aime