FAUST

Théâtre du Ranelagh
5 rue des Vignes
75016 PARIS
01 42 88 64 44

Jusqu’au 26 mars 2017
du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 15h

(Relâches les 24 & 25 décembre / 1er - 6 - 12 - 13 -21 janvier / 3 février / 8 - 9 - 10 - 22 - 23 - 25 mars)

 

Faust loupe 

Le dispositif scénique a ici une grande importance. Des éléments de fer soudés qui s’assemblent en escalier de différentes manières pour figurer les lieux où se déroule l’histoire. Un décor très parlant (le fer, le feu, comme le feu de l’Enfer), modulable tout au long du spectacle et manipulé par les personnages ou les comédiens : il incarne aussi les errances effectuées par Faust et Méphistophélès. De même que la présence inquiète et constante du pianiste (très parlantes compositions et interprétation de Léon Bailly) qui joue tout au long de l’histoire un peu à la manière d’une bande son de film à l’américaine, soulignant ou provoquant les ambiances de scènes ou les répliques. Une telle aventure doit être orchestrée… par le diable.

L’ambiance globale renvoie au début du siècle dernier, entre deux guerres, avec un côté expressionniste rendu encore plus fort par des costumes hors du temps, sorte de toges sans âge sans modernité.

L’histoire de Faust est ici resserrée exclusivement autour de son amour pour Marguerite. Elle commence par le suicide du vieux savant Faust, déçu de la connaissance, du monde et de la vie. Méphistophélès le sauve pour lui faire signer le pacte : il lui redonne beauté et jeunesse contre le prix son âme qu’il viendra prendre le jour où Faust aura repris goût à la vie.

C’est un raccourci bien troussé de l’œuvre monumentale de Goethe. Un brin romantique, la mise en scène de Ronan Rivière axe l’histoire sur les tourments amoureux et les manipulations pour faire tomber Marguerite dans les bras du héros. Des lumières en clair obscur accentuent encore cette impression.

On retrouve ici tous les ingrédients du mythe. Les ambiances romanesques que décor, musique et jeu distillent exaltent le côté sentimental. En ce qui concerne l’interprétation, certains personnages comme celui de la voisine complice de Marguerite interprété par Aymeline Alix est tranchant, drôle et dangereux à la fois. La grande scène entre Faust (interprété par Ronan Rivière) et Marguerite (Laura Chetrit) est poignante, passionnante, vive et intense.

Un Faust qui, malgré quelques langueurs dans les passages dialogués entre Méphistophélès et Faust qui mériteraient une dynamique plus grande et un enjeu philosophique plus clair, possède un réel impact visuel et donne envie de redécouvrir l’œuvre de Goethe dans le texte.

Bruno Fougniès

 

Faust

Auteur : Johan Wolfgang Goethe
Mise en scène : Ronan Rivière

Adaptation : Ronan Rivière
Composition musicale : Léon Bailly
Lumière : Fantôme
Décors et accessoires : Antoine Milian
Assistante à la mise en scène : Lucile Delzenne

Avec : Aymeline Alix, Laura Chetrit, Romain Dutheil ou Anthony Audoux, Ronan Rivière, Jérôme Rodriguez ou Olivier Lugo, Jean-Benoît Terral

Au piano, en direct : Léon Bailly ou Olivier Mazal

 

Mis en ligne le 18 décembre 2016