ERZULI DAHOMEY, déesse de l’amour

Théâtre 13 – Côté Seine
30 rue du Chevaleret
75013 - Paris
01 45 88 62 22

Jusqu’au 23 octobre 2016 à 20h00
dimanche à 16h00

 

Erzuli Dahomey, déesse de l’amour loupe 

Récompensée par le prix Théâtre 13 des jeunes metteurs en scène, cette pièce de l’auteur haïtien Jean-René Lemoine, a déjà été montée au Vieux Colombier en 2014.

Elle conte l’histoire d’une famille BCBG où la mère, Victoire Maison, veuve, ex-actrice et quinquagénaire, pleure son fils, disparu au Mexique. Elle a par ailleurs deux enfants très… proches l’un de l’autre, Sissi et Frantz. Ajoutez à cela le père Denis, leur précepteur, un religieux pas très net, beau-frère de Victoire. Par ailleurs, la servante de la maison, Fanta vit dans l’adoration de Lady Diana, qu’elle a en commun avec les jumeaux.  C’est la mort de Tristan, le fils de Victoire qui déclenche tout. Son corps, rapatrié est enterré dans le caveau familial.  Et puis surgit Félicité, une femme sénégalaise venue réclamer le corps de West, son fils disparu et enterré, semble-t-il, à la place de Tristan.

Victoire est une femme qui se cherche. Elle est à bout… à bout d’elle-même et de ses chagrins. « Vous voulez voir le champ de bataille ? Je vous montre tout. Je n’ai plus la force de lutter. Vous voulez que je vous parle de mon désir de vieille, de ma solitude ? » clame-t-elle. Les jumeaux, comme le père Denis, et comme Fanta elle-même vont être secoués différemment par la venue du « fantôme » de West. Et chacun ira, comme il se doit, jusqu’au bout de lui-même.

Cette pièce, parfois vaudevillesque, flirte avec l’outrance, un peu à la façon d’Almodovar, référence revendiquée par l’auteur. Il ne craint ni le fantastique, ni le symbolisme, notamment dans le personnage de Fanta en qui s’incarne Erzuli Dahomey, déesse de l’amour. Il y a des chants, des danses, dans cette confrontation de deux cultures, de deux univers. La fin, étrange et belle, verra la mère de Tristan faire le voyage en Afrique pour tenter de renouer le contact avec son fils.

La mise en scène est fluide et inspirée. On se prend à souhaiter, parfois, qu’il y ait plus de danse… et puis non, cet équilibre entre scènes de tension et moments de grâce est judicieux. Les comédiens sont au diapason : forte présence d’Emmanuelle Ramu en Victoire. Les jumeaux (Claire Pouderoux et Adrien Bernard-Brunel) sont pasoliniens en diable. Belle performance de Mexianu Medenou en West, celui qui revient et dont la présence-absence dérange tant.

Gérard Noël

 

Erzuli Dahomey, déesse de l’amour

Texte : Jean-René Lemoine.
Mise en scène : Nelson-Rafaell Madel.

Avec : Adrien Bernard-Brunel, Mexianu Medenou, Gilles Nicolas en alternance avec Jean-Claude Fernandez, Karine Pédurand, Claire Pouderoux et Emmanuelle Ramu.

Lumières et collaboration à la scénographie : Lucie Joliot.
Compositeur : Yannis Plastiras.
Collaboration chorégraphique : Gilles Nicolas.

 

Mis en ligne le 19 octobre 2016