DIXVERSIONS

Théâtre des Cinq Diamants
10 rue des Cinq Diamants
75013 Paris
Tél. 01 45 80 45 34

Jusqu’au 27 février 2016
du mercredi au samedi à 20h30

 

Dixversions loupe 

Dans la pénombre, à l’écart, au fond de la scène, une jeune violoniste se met à jouer, tantôt avec fragilité, tantôt avec audace, de son instrument vecteur de nostalgie. Sensible et pudique, mais déterminée, elle a l’allure androgyne de Jean Seberg dans À bout de souffle. Sa musique est épurée, pour mieux aller à l’essentiel.

Le décor est minimaliste : deux fauteuils à roulettes et deux panneaux-paravents avec lesquels les deux comédiens vont composer. Mais ils n’ont besoin de rien de plus, ils ont du métier et du talent, ils savent, ils sont dans le vrai.

Un homme et une femme, musiciens et amis, partent donner un concert. Ils nous embarquent au passage dans leur train, le Paris – La Rochelle. Leur conversation, leur tenue, le contexte, tout paraît banal au départ.

Soudain, la femme commence à recevoir des messages d’un mystérieux Fugueur, un inconnu, passager clandestin, qu’elle ne voit pas et qui lui propose un rendez-vous le soir même. Curieuse et intriguée, elle prend goût au ping-pong de leurs SMS que nous voyons projetés en grand sur l’écran en même temps qu’ils sont lus. Dès lors, le téléphone portable devient omniprésent. Les sons et sonneries rythment l’action, tandis que la fugue du violon poursuit le Fugueur. Arrivé à destination dans le quartier du Vieux Port, il va attendre la femme. Elle va s’esquiver, se proclamer Eurydice, le chercher à son tour et le nommer Orfeo. Il va errer, boire, dévoiler son désenchantement petit à petit. Le virtuel devient trop envahissant, mais incontournable. Les scènes sont fragmentées, disséquées en angles de vision, tels les points de vues sur un fait divers que pourraient avoir différentes personnes. Des vidéos de saynètes rétros et décalées découpent les séquences tout en les liant avec beaucoup d’humour et de subtilité.

Chantal Gallier et Bruno Bernardin jouent plusieurs rôles et ils excellent dans tous ! Ils sont parfaitement synchronisés et leur complicité est fort plaisante.

L’écriture est fine et touchante de vérité. La mise en scène est carrée, efficace.

C’est du bon théâtre contemporain, qui interroge, d’une troublante et complexe simplicité. Paradoxalement, définitivement, en faire moins suscite plus, beaucoup plus…

Luana Kim

 

Dixversions

De : YvesJavault
Mise en scène : YvesJavault

Avec : Chantal Gallier, Bruno Bernardin

Au violon : Josépha Jégard

Voix off : Hélène Lausseur
Création vidéos : Florian Pannetier
Musique, création originale : Josépha Jégard
Scénographie : Pierre Lenczner
Costumes : Sylvie Berthou
Lumières : Célia Idir
Conception graphique : Izumi Mattei-Cazalis

 

Mis en ligne le 15 février 2016