CASANOVA, REQUIEM FOR LOVE

Théâtre de l'Epée de Bois,
Cartoucherie
Route du champ de Manœuvre 75012 Paris
01 48 08 39 74
Du 19 mars au 7 avril 2013, à 21 h, les dimanches à 18 h.

Diana Dobreva a puisé dans « L'histoire de ma vie » de Giacomo Casanova, dans « Le journal d'un séducteur » de Søren Kierkegaard et dans ses propres textes pour articuler ce spectacle. On aura vite compris que son désir est de parler de séduction en s'emparant du plus mythique séducteur ayant existé. Voici le sujet central du spectacle. Mais il s'agit de cette séduction typiquement casanovienne qui trouble et domine autant la séductrice que le séducteur. Ce trouble du transport amoureux, cet abandon à la sensualité, ce vertige de l'acte.

Peu ou pas d'histoire suivie donc. Une succession de tableaux ou pour être plus précis, une succession de peintures, la plupart animées de scènes, certaines presque figées. Les personnages aux costumes chamarrés rappelant vaguement un 18ième siècle cossu ou des nudités intemporelles dans des éclairages léchées qui évoquent certains tableaux du Titien comme « La Vénus d'Urbino » sont pris dans une sorte de patine du temps aux tons ocre et pourpres que donnent les éclairages.

C'est un échantillonnage de séductions prises dans la vie de Casanova, sous l'angle amusé et glacial du libertin. On voit tour à tour succomber une nonne, une française, une russe, une italienne prête à se suicider d'amour etc. Cela donne l'occasion de scènes traitées avec humour allant parfois jusqu'à rire du grotesque de ces situations dignes de vaudevilles.

On regarde, on se laisse envoûter par la beauté des tableaux, des chorégraphies et des corps, on goûte un univers sonore omniprésent et très évocateur, mais on reste le lointain spectateur d'une ronde, comme un étranger qui observerait au loin un village enfiévré par les fêtes de la Saint-Jean et son déferlement d'ivresse des sens, de musiques, de désinhibitions.

Cette sensation provient peut-être de l'emploi quasi systématique de micros qui projettent les voix des comédiens dans le flux de la bande son et en font des pantins sans surprise ? Peut-être aussi le fait que la presque totalité du spectacle soit en langue bulgare, seules quelques scènes étant surtitrées ?

Pourtant, plusieurs tableaux sont drôles, excessifs, traités avec dérision comme la séduction d'une femme russe où le débit des comédiens s'accélère jusqu'à la folie, les mots devenant sons comparables aux grommelos, mais qui finit par lasser.

On cherche une unité à ce déploiement d'énergie et de talents sans conteste. Et l'on finit par se contenter de feuilleter le spectacle comme lorsqu'on découvre une bande dessinée aux planches libertines, charmé par la facture de l'ouvrage et la joliesse des images.

 

Bruno Fougniès

 

 

Casanova, Requiem for Love

Textes extraits de « Histoire de ma vie », Giacomo Casanova, « Le journal d'un séducteur », Søren Kierkegaard et Diana Dobreva
Metteur en scène Diana Dobreva
Musique Petia Dimanova
Chorégraphie, Tatiana Sokolova
Costumes et Scénographie, Marina Dodova

Avec Vladimir Karamazov, Hristo Petkov, Biliana Petrinska, Jana Ilieva La suicidaire italienne, Borislava Kostadinova, Alex Vassileva Assileva, Aneli Pino, Diana Spasova, Asen Levov, Vilma Kartalaska, Venelin Metodiev, Simona Kostova