BABACAR OU L’ANTILOPE

Théâtre 13 – Côté Seine
30 rue du Chevaleret
75013 - Paris
01 45 88 62 22

Jusqu’au 5 février 2017
du mardi au samedi à 20h
 dimanche à 16h00

 

Babacar ou l’Antilope loupe 

Que dire de cette pièce, sinon qu’elle est généreuse : sur le thème du passage des frontières (en l’occurrence celle de Ceuta, enclave espagnole au Maroc) l’auteur veut témoigner, nous faire réfléchir. Et d’imaginer un personnage d’architecte africain, dont on ne sait rien de plus, sauf qu’il est fasciné par un phare, celui qui représente pour lui la liberté. La rejoindre, donc.  Mais comment ?

Les premières scènes fonctionnent : le monologue de Babacar, l’existence parallèle (quoiqu’un peu forcée) de Gina, une jeune fille qu’il est appelé à rencontrer, on y est, on y croit. On tique un peu sur les caricatures, celle du garde armé ou bien de la dame qui s’occupe de la régularisation des réfugiés.  L’auteur parle de personnages « unis à leur fonction ». Ils sont souvent, hélas, réduits à leur fonction.

En 31 séquences, l’histoire va, vaille que vaille, vers une issue que l’on devine assez rapidement. Il y a là-dedans des scènes logiques, et d’autres, surprenantes, faisant intervenir un groupe de personnages, élèves ou stagiaires, on ne sait pas trop.  En tout cas, comme la longue citation de « l’avare », c’est un peu trop « pensé » et intellectualisé. Dommage.

Passons sur l’idée, pas nouvelle, de laisser les coulisses apparentes.  Par contre, il y a dans tout cela, une énergie communicative. Certaines scènes, comme celles qui se passent dans le métro, ou bien la rencontre entre Babacar et Gina sont simples et efficaces. Lumières superbes. De bonnes idées, comme les fils qui symbolisent la frontière ou le décor suggéré de la scène finale. Egalement, les mouvements avant-scène et fond de scène pour le bureau et latéraux pour les personnages.

Les comédiens ont une présence réelle, et ce texte, ils le servent avec naturel et sensibilité. A commencer par Fatima Soualhia Manet en Salima. Dans le rôle de Gina, Vanessa Krycève est plus que convaincante. Mexianu Medenou est un Babacar très mobile et attachant. Une mention spéciale pour celui qui vampirise les scènes où il apparaît : Nicolas Buchoux, en monsieur H, détourne le spectacle vers le Grand-Guignol ou le cinéma impressionniste : son jeu glaçant est jubilatoire.

Gérard Noël

 

Babacar ou l’Antilope

Texte et mise en scène : Sidney Ali Mehelleb.

Avec : Nicolas Buchoux, Marie-Elisabeth Cornet, Vanessa Krycève, Mexianu Medenou, Eric Nesci, Marielle de Rocca Serra, Fatima Soualhia Manet, Victor Veyron.  

Assistante à la mise en scène : Margot Simmoney.
Lumières : Christine Mame.
Scénographie : Camille Duchemin.
Costumes : Angélique Calfati.
Son et musique : Grégoire Durrande.
Chargé de diffusion : Gabriel Buguet.
Administration : Alexandre Delawarde.

 

Mis en ligne le 4 janvier 2017