ANNA ET MARTHA

Théâtre 71
3, Place du 11 Novembre
92240 – Malakoff
01 55 48 91 00

Jusqu'au 13 Mars 2014
Mardi, vendredi à 20h30 mercredi, jeudi et samedi à 19h30
Dimanche à 16h

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Mis en ligne le 10 mars 2014

Anna et Martha

Sur l'imposant plateau du théâtre 71, deux chaises en plastique et un congélateur qui ronronne tant bien que mal, plus loin en retrait, une voiture recouverte d'une bâche et quelques arbres aux feuilles jaunies. Nous sommes chez « Madame », la patronne, elle est allongée dans ce congélateur hoquetant. Anna la couturière et Martha la cuisinière l'ont tué. Il y a aussi le vieux Meier Ludwig, le chauffeur qui ère comme un fantôme dans ce purgatoire et une autre esclave, Xana, femme de ménage étrangère, leur souffre douleur.

Ce sont tous des domestiques et tant que le froid conserve le corps, rien ne peut arriver. Alors elles attendent et se souviennent, déroulent le fil de leur histoire par brides. Elles se haïssent, se disputent, se blessent. Une haine mouvante, décortiquée sans pudeur dans une langue charnelle. Les mots jaillissent d'eux en s'inventant parfois un instant d'une vie rêvée et pourtant chaque classe sociale ne sait reproduire que son oppression ou ses utopies.

Cette pièce est un écho, un prolongement et une suite des « Bonnes » de Jean Genet où dans leurs âpres rituels du souvenir et de la méchanceté, elles restent prisonnières de leur propre histoire, enfermées dans une vie déformée et grotesque.

Le parti pris de mise en scène de Robert Cantarella est parfois déroutant comme celui de transformer le chauffeur en chien qui relance à grands coup de pieds hystériques ce congélateur en fin de vie mais on ne peut qu'admirer les talents de Catherine Hiegel et Catherine Ferran qui maintiennent avec talent une tension palpable entre tragédie et comique. Une haine folle pour cette patronne qui va pourrir dans le congélateur quand il va tomber en panne.

« Madame, autrefois, était une putain. Avant d'épouser Monsieur et la brasserie. Aujourd'hui elle a l'air d'une grande dame dans les habits que lui coud madame Anna »

Patrick Rouet

 

Anna et Martha

de Dea Lohner.
Traduction : Laurent Muhleisen.
Mise en scène : Robert Canterella.

Avec : Catherine Hiegel, Catherine Ferran, Nicolas Maury et Valérie Vivier.

Lumières : Jean-François Touchard.
Costumes : Constance de Corbière.