RUE DE LA BELLE ÉCUME

La nouvelle Ève
25, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tél : 01 48 74 69 25

Jusqu'au  19 avril à 20h30

Soirée exceptionnelle le 2 mars
Théâtre Dejazet

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Mis en ligne le 19 avril 2014
Actualisé le 7 février 2015

Rue de la Belle Écume

Une idée très originale a donné naissance à ce spectacle : faire parler les héros d'une douzaine de chansons parmi les plus célèbres du répertoire de la chanson française. Des succès de Piaf, Brel, Aznavour, Barbara, Brassens, Léo Ferré… de ces chansons inoubliables dont l'air et les paroles flottent dans la mémoire collective, des chansons tellement fortes que les personnages qui y sont évoqués sont devenus mythiques… Madeleine, Jolie Môme, Mon Légionnaire, Paulette etc.

L'objet du désir, du trouble, de la nostalgie ou de la révolte devient alors celui qui prend la parole, comme si on opérait un contre-champ, un dialogue virtuel à travers le temps entre le chanteur ou la chanteuse et le héros, l'héroïne, de son histoire.

Une idée ingénieuse mais dangereuse : un drôle de challenge que se sont lancés Christian Faviez pour les textes et Philippe Brami pour la musique car comment créer des chansons à la hauteur de ces standards qui ont fait le tour du monde ? Comment ne pas tomber dans la pâle copie, la parodie ou la réponse soumise à l'original ? Comment s'arracher de l'univers musical et poétique de ces rengaines pour inventer des chansons différentes de leurs modèles mais qui partagent le même ADN et la même puissance dramatique ?

Ce qui aurait pu n'être qu'une prouesse de l'esprit s'avère être une vraie démarche poétique et artistique. Les deux créateurs ne sont pas tombés dans les pièges qui les attendaient, ce sont à leurs propres imaginaires qu'ils ont puisé pour incarner ces mythes en les resituant en général dans l'époque où la chanson avait été créée.

Il se dégage de ce spectacle à la fois une belle nostalgie mais aussi la sensation apaisante que les choses, les sentiments et les êtres perdurent et se régénèrent dans le présent.

Une mention particulière pour la chanson inspirée par Le Déserteur de Boris Vian, d'une belle et âpre dureté, également pour celle inspirée par Jolie Môme de Léo Ferré, une môme que l'auteur a imaginé bien des années plus tard, cloitrée dans un couvent, et aussi pour la réponse de Félicie à Fernandel qui, dans un esprit rock, joue habilement sur les mots sans tomber dans la parodie inversée. Liste à laquelle on peut ajouter l'hommage à Comme ils disent d'Aznavour, qui ne manque ni de beauté ni de révolte contre la bêtise humaine.

Sur scène, Laurent Viel incarne avec sa silhouette souple et sa voix caramélisée autant le meneur de revue que les personnages qu'il défend avec grâce, quant à Emily Pello, facétieuse, sensuelle, le timbre grave et puissant, elle interprète avec fougue et énergie toutes les héroïnes qui lui sont dévolues (Entre autre : Nathalie, personnage évoqué par Gilbert Bécaud dans la chanson éponyme).

Le spectacle est construit sur un principe simple et efficace, quelques mesures de la chanson originale sont jouées par les deux musiciens du plateau : l'excellent Roland Romanelli qui fut l'accordéoniste de Barbara et le virevoltant Jef Mignot à l'aise dans tous les styles musicaux.

Il ne manque à cette belle création qu'une mise en scène plus élaborée qui nous emporterait plus intensément dans ce monde imaginaire au lieu de se satisfaire d'une forme de récital. Pourtant, il suffirait d'un rien pour l'esprit du cabaret y brille : toute la matière est là, même les coups de griffes à l'actualité et aux moralistes de tous bords.

Bruno Fougniès

 

Rue de la Belle Écume

Paroles et livret Christian Faviez
Compositions Philippe Brami,  d
Direction musicale et arrangements Roland Romanelli
Lumières Jacques Rouveyrollis
Son Fredo

Avec : Émily Pello, Leurent Viel, Jef Mignot (guitare), Roland Romanelli (piano, accordéon, accordina)

 

Les cousins : Hommage à Jacques Brel (Madeleine)
Le purgatoire : Hommage à Édith Piaf (Mon légionnaire)
Tout se paume : Hommage à Léo Ferré (Jolie môme)
Méfiez-vous de moi : Hommage à Georges Brassens (Le gorille)
Le fusillé : Hommage à Boris Vian (Le déserteur)
Narbonne : Hommage à Charles Trenet (La mer)
L'Égyptienne : Hommage à Dalida (Il venait d'avoir 18 ans)
Les bons copains : Hommage à Yves Montand (À bicyclette)
Le blues de Félicie : Hommage à Fernandel (Félicie aussi)
La dame en noir : Hommage à Barbara (L'aigle noir)
Babouchka Nathalia : Hommage à Gilbert Becaud (Nathalie)
La vieille folle : Hommage à Charles Aznavour (Comme ils disent)