RUE DE LA BELLE ÉCUME

Vu au Théâtre Déjazet
en septembre 2015

Reprise au
Théâtre Trévise

14 rue de Trévise
75009 PARIS
06 64 95 97 25

le 5 octobre à 20h00 et le 30 novembre à 20h00

 

Rue de la Belle Écume loupe 

Voilà un hommage à la chanson française parmi les plus originaux que j’ai vus.

Pas question ici d’interpréter nos grands classiques en imitant plus ou moins bien leurs créateurs.

Non, l’idée surprenante est de faire vivre les personnages qui vont, soit dialoguer, soit donner une sorte de droit de réponse, soit raconter leur vie après.

L’exercice était des plus périlleux, il faut oser se frotter à Brel, Piaf, Brassens, Ferré, Barbara, Aznavour et les autres.

Le pari est réussi et haut la main, tant les auteurs ont su recréer l’univers de chaque chanson sans jamais tomber ni dans le plagiat ni dans la parodie.

C’est Madeleine qui, soixante-quinze ans plus tard, regrette de ne pas être venue au rendez-vous, la Jolie môme devenue nonne qui raconte le temps où elle était muse d’un anar chanteur dont les mots lui allaient comme un écrin, Félicie qui dresse à son tour un portrait peu flatteur de Fernand, l’aigle qui narre sa rencontre avec la dame brune.

C’est parfois drôle avec le fils du Gorille, parfois émouvant comme le portrait en creux de l’Égyptienne tracée par celui qui venait d’avoir 18 ans, nostalgique lorsqu’on croise une Nathalie qui a perdu ses illusions. La plume devient plus dure lorsqu’un anonyme envoie un mail à un ministre pour demander que l’on donne à une école le nom d’un fusillé, celui qui avait déserté, même s’il sait bien combien « valent les mots de pauvres gens comme moi » ou lorsqu’une vieille folle raconte l’homosexualité et le sida, fustigeant l’hypocrisie des bien pensants.

Emily Pello et Laurent Viel sont deux interprètes extraordinaires, dotés à la fois de fort belles voix et d’une forte présence scénique. Ils sont accompagnés à la guitare par Jef Mignot et au piano, accordéon et accordina par le grand Roland Romanelli qui fut le compagnon sur scène des plus grands et surtout de Barbara et qui s’est donné  pour l’occasion des airs de Léo Ferré.

Ajoutez les lumières de l’incontournable Jacques Rouveyrollis et vous n’avez plus qu’à vous rendre Rue de la Belle Écume pour une promenade enchantée au fil du temps qui passe, un moment privilégié dans ce bel écrin qu’est le Déjazet, le plus vieux théâtre de Paris, l’unique survivant du célèbre Boulevard du Crime, que Jean Bouquin maintient à flots contre vents et marées avec une opiniâtre ténacité.

Nicole Bourbon

 

Rue de la Belle Écume loupePhoto Denis Tribhou

Rue de la Belle Écume

Paroles et livret Christian Faviez
Compositions Philippe Brami
Direction musicale et arrangements Roland Romanelli
Lumières Jacques Rouveyrollis
Son Fredo

Avec : Émily Pello, Laurent Viel, Jef Mignot (guitare), Roland Romanelli (piano, accordéon, accordina)

 

Les cousins : Hommage à Jacques Brel (Madeleine)
Le purgatoire : Hommage à Édith Piaf (Mon légionnaire)
Tout se paume : Hommage à Léo Ferré (Jolie môme)
Méfiez-vous de moi : Hommage à Georges Brassens (Le gorille)
Le fusillé : Hommage à Boris Vian (Le déserteur)
Narbonne : Hommage à Charles Trenet (La mer)
L'Égyptienne : Hommage à Dalida (Il venait d'avoir 18 ans)
Les bons copains : Hommage à Yves Montand (À bicyclette)
Le blues de Félicie : Hommage à Fernandel (Félicie aussi)
La dame en noir : Hommage à Barbara (L'aigle noir)
Babouchka Nathalia : Hommage à Gilbert Becaud (Nathalie)
La vieille folle : Hommage à Charles Aznavour (Comme ils disent)

 

 

Mis en ligne le 3 septembre 2015

Actualisé le 19 septembre 2016